Depuis le début des années 90, avec son alter ego Makita, l'artiste endosse tour à tour le rôle de l'intellectuelle féministe, de la sorcière, ou encore celui de la mère de famille engagée politiquement. Dans son exposition, Angela Marzullo déroule le fil du temps d'un engagement à la fois artistique et vital, partant d'une des toutes premières images iconiques de ce travail: Makita en train d'uriner devant l'ONU.
Le travail de Marzullo, efficace et clairement positionné, utilise notamment les codes de la figure masculine pour les détourner ou les remettre en jeu, comme elle le fait dans une performance où, affublée d'un pénis mobile, elle crée une peinture en trempant l'appendice dans des couleurs. Une référence à un certain Yves Klein qui, au début des années 60, transformait le corps des femmes en de véritables pinceaux vivants, produisant ainsi ce qu'il a appelé des Anthropométries.
L'art comme arme contre les inégalités
Au CPG, l'exposition "Feminist Energy Crisis" propose une vitrine de reliquats de performances marzulliennes, des oeuvres réalisées après des résidences, "Makita IceCream" - des portraits de femmes lascives léchant une crème glacée sur lesquelles l'artiste a peint avec de la glace, pervertissant ainsi la représentation conventionnelle de la dolce vita au féminin. On découvre aussi des oeuvres plus récentes, un gigantesque papier mural avec explosion atomique dont le champignon a été remplacé par le symbole féminin.
Appartenant à une longue liste d'artistes féministes qui interrogent le corps, les codes et les genres (Valie Export, Cindy Sherman, ...), l'oeuvre d'Angela Marzullo s'arme contre les inégalités et revendique une vraie place des femmes dans la société. Un travail mis en regard par l'historienne de l'art et curatrice Madeleine Amsler.
Florence Grivel/ld