"C'est un tableau magnifique qui était complètement inconnu. Il a échappé à l'attention de tous les biographes", confie Bruno Mottin, conservateur au Centre de recherche et de restauration des musées de France, spécialiste reconnu de la technique de Gustave Courbet.
Paradoxe de l'histoire, ce tableau de 58x71,5 cm, daté de 1876, reposait oublié dans les réserves du musée local depuis la Deuxième Guerre mondiale. Il avait été légué en 1892 à Granville avec deux autres toiles portant elles aussi la signature "Gustave Courbet" mais qui n'étaient pas de lui.
"Niveau de qualité élevé"
Avec son Aiguille du Midi en arrière plan, la "Vue du Lac Léman", ainsi que l'a décrit la mairie, "mêle dans le même scintillement, les reflets du lac, le ciel et les nuages qui couvrent les sommets".
Pour Bruno Mottin, l'attribution à l'illustre artiste ne fait pas de doute: "C'est un niveau de qualité très élevée. Et il y a quelques tableaux (de Courbet) dont on peut rapprocher celui-ci qui permettent d'être vraiment sûr".
afp/olhor
Deux ans après "Impression, soleil Levant" de Monet
Avec cette œuvre datée de 1876, soit un an avant la mort de Courbet et deux ans après "Impression, soleil Levant" de Claude Monet qui marquera la naissance de l'impressionnisme, "on comprend que Courbet était très proche des impressionnistes à la fin de sa vie et pourquoi il les a influencés", estime Bruno Mottin, spécialiste de Courbet.
Courbet livre "ici une composition argentée, bleue et blanc, d'une sensibilité extraordinaire" à la nature et à la lumière, comme les impressionnistes, précise le conservateur parisien.
La "Vue du Lac Léman" a été exposée entre fin décembre et le 5 mars, avant que son attribution ne soit annoncée le 6 mars. Le tableau sera de nouveau visible ce week-end et cet été au musée d'art moderne de Granville.
L'exil suisse de Courbet
En exil en Suisse, le peintre réaliste né en 1819 "a découvert la haute montagne à travers les Alpes, la neige, les grandes étendues d'eau, l'association des deux", poursuit-il.
Le peintre de "L'Origine du monde" s'était installé à la Tour de Peilz, au bord du Lac Léman, après avoir été condamné à Paris pour la démolition en 1871, pendant la Commune de Paris, de la colonne Vendôme, symbole napoléonien.