Les musées détiennent des oeuvres acquises dans des conditions douteuses. La plupart des objets sont arrivés dans les collections avant l'entrée en vigueur des lois, notamment sur le transfert de biens culturels, souligne Bernard Knodel, conservateur adjoint du Musée d'ethnographie de Neuchâtel (MEN).
"Nous ne pouvons pas toujours retracer le parcours d'un objet", explique M. Knodel. Le MEN a déjà évalué la majeure partie de ses collections pour déterminer dans quelles conditions les ethnologues ont ramené le patrimoine d'autres populations.
La restitution d'objets "volés"
Suite à une recherche de provenance, l'objet "restitué" peut, par exemple, rester la propriété du musée suisse ou européen dans lequel il est déposé, mais être exposé dans le musée du pays d'origine pour une période déterminée.
Les institutions n'ont aucun intérêt à taire l'origine de leurs collections, estime le Conseil international des musées.
ats/mcc
Un cas exceptionnel au Musée d'ethnographie de Neuchâtel
Le Musée d'ethnographie de Neuchâtel (MEN) a étudié les collections rapportées d'Angola par Théodore Delachaux, conservateur entre 1921 et 1945, en reconstituant, à partir des archives, les circonstances d'acquisition des objets.
Le conservateur ramène au total 3500 objets de cette ancienne colonie du Portugal. La question de la légalité de l'acquisition n'était pas encore présente à l'époque, tient à préciser Bernard Knodel, conservateur adjoint du MEN.
Théodore Delachaux fait le récit d'un cas exceptionnel dans cette mission: l'acquisition d'un masque utilisé durant une cérémonie de circoncision que la population le lui avait promis avant de se rétracter. L'équipe du conservateur décide alors de s'emparer du masque.
Le MEN envisage aujourd'hui ces collections comme un patrimoine partagé susceptible de faire l'objet d'un retour en Angola sous une forme ou une autre. Pour le conservateur adjoint, un "contrat tacite" a été signé entre M. Delachaux et les locaux pour conserver ces objets et le musée en est le dépositaire temporaire.