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Le renouveau de la scène artistique milanaise

Un homme regarde la création de l'artiste japonais Shigeru Saito lors de la MiArt 2017 à Milan. [AP/Keystone - Luca Bruno]
Lʹart contemporain à Milan: une renaissance possible? / Nectar / 34 min. / le 8 mai 2017
Installées dans d'anciens bâtiments industriels rénovés à grand frais, des fondations privées, issues des industries du design et de la mode, cherchent à vivifier la scène artistique de Milan. Et la ville organise sa propre foire d'art.

Très vivante au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, active et même plutôt radicale dans les années 1960 et 1970 - à Turin en particulier - la scène artistique italienne a ensuite presque disparu des radars de l'art contemporain international.

Depuis quelques années, Prada, Trussardi, Feltrinelli ou Pirelli, les grands noms de l'industrie milanaise, ouvrent pourtant de somptueuses fondations dédiées à la création contemporaine. Les espaces alternatifs, portés par des passionnés, tissent de leur côté et à leur échelle des réseaux précieux au sein des écoles d'art, en Italie et à l'étranger, avec de petits moyens.

La ville de Milan organise même sa propre foire d'art, la Miart, bien que celle-ci n'ait pas encore la renommée des grandes foires internationales (lire encadré).

Tout cela permettra-t-il de relancer la vie artistique milanaise? Les solutions, espoirs et points de vue varient selon les interlocuteurs.

Créer une vitrine pour l'art international

Germano Celant, historien et critique d’art réputé, a été directeur de la Biennale de Venise il y a vingt ans, en 1997. Il est aujourd'hui conseiller artistique pour la Fondation Prada et observateur attentif de la scène artistique italienne et internationale.

La Fondation Prada à Milan. [AP Photo / Keystone - Luca Bruno]
La Fondation Prada à Milan. [AP Photo / Keystone - Luca Bruno]

Pour lui, les fondations privées ont les moyens d'offrir de la mémoire aux jeunes artistes et étudiants en art. Pour leur rappeler cette vivacité qui a été celle des années 60, rebelles, curieuses, effrontées. Elles peuvent aussi offrir aux Milanais un accès à l'art international, de quoi élargir leur champ de vision.

Mais Germano Celant reste très sceptique quant à la capacité de ces fondations privées à soutenir réellement les jeunes artistes italiens: leur but reste celui d'investir judicieusement, pas de jouer aux mécènes désintéressés.

Selon lui, il manque en Italie un maillon essentiel pour un tel soutien: l'engagement public, qui doterait les institutions et musées de budgets d'acquisition. C'est ainsi qu'émergent et survivent les jeunes créateurs en Suisse, en France ou en Allemagne.

Créer les bons réseaux

Via Farini existe depuis 1991. Cette structure associative propose des résidences aux artistes locaux et internationaux. Elle possède une archive conséquente de la création italienne des années 1960 à nos jours. Et elle promeut aussi l'art de la performance, comme elle l'a fait ce printemps à la Fabbrica Del Vapore, qui accueillait toute un série d'actions et propositions audacieuses autour de la question des genres et de l'identité queer.

Son directeur, Simone Frangi, se dit très confiant en l'avenir de Milan sur le plan artistique. Parce que la scène alternative y est vivace. Que les galeries et collectionneurs pointus existent. Et que l'Etat italien vient de s'engager à créer un Italian Council doté de moyens importants pour le soutien à la création et à la diffusion des œuvres des jeunes créateurs.

Martine Béguin / aq

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164 galeries à la MiArt 2017

Au départ, la plus grande foire d’art contemporain, c’est Art Basel avec 290 galeries, 100’000 visiteurs en trois jours. Milan, Bologne et Turin sont bien plus petites. La moitié environ. A Milan, on découvrait cette année 164 galeries.

À la lecture du programme de la MiArt2017 qui s'est déroulée du 30 mars au 2 avril, ce qui frappe, c’est  - comme à Art Basel - la présence de débats, de rencontres. Des "sections" dédiées à l’art émergent, ou aux expos historiques, qui font donc des foires de l’art des lieux culturels.

Pour Alessandro Rabottini, qui dirige la Miart depuis l’année passée, cette foire a donc ses atouts. Elle reflète la diversité des facettes de cette ville trop vite et trop longtemps jugée moche, industrielle, et peu sensible aux arts. Selon lui, au contraire, Milan est pleine d'atouts: une taille humaine, des acheteurs curieux aux intérêts variés allant de la mode au design en passant par l'art, les magazines ou l'architecture.

On y trouve des galeristes avertis qui savent marier artistes confirmés et émergents, ce qui offre un tremplin commercial aux jeunes créateurs et encourage l'audace des collectionneurs. Là encore, seul l'avenir dira si ces options italiennes, gorgées d'histoire pour une part, ou plaçant sur un même pied design et art contemporain auront assuré la naissance d'une relève.