Adam Szymczyk, le directeur de la documenta 14 n’a pas froid aux yeux: il l'a déployée sur deux sites, Athènes et Cassel, en réunissant pas loin de 300 artistes, des jeunes, des anciens, des artistes disparus aussi.
À Athènes, il était question, pour les organisateurs et pour les artistes invités "d’apprendre du Sud".
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Découvrir des communautés artistiques
Adam Szymczyk joue ici la carte des échanges, des partages. On retrouve à Cassel des artistes d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine, aux côtés de grands noms – plutôt rares – de la scène européenne ou américaine.
Et puis l’hommage à la Grèce se prolonge puisque le principal musée de la ville, le Friedericianum, accueille toute une sélection d’œuvres de la collection du musée d’art contemporain d’Athènes. Jamais ces œuvres n’avaient été exposées en Allemagne. On y fait donc de vraies découvertes, de dizaines d’artistes méconnus.
Le Parthénon des livres
Étonnant monument, érigé en plein centre de Cassel, ce projet a été lancé l'an dernier à la Foire du livre de Francfort pour créer une réplique grandeur nature de l'Acropole d'Athènes. De 70 mètres de long, 31 de large et 10 de haut, avec ses 46 colonnes et son fronton triangulaire, cette installation artistique, comporte des colonnes constituées de livres qui furent un jour interdits quelque part dans le monde.
L’oeuvre spectaculaire de la plasticienne argentine Marta Minujin, installée sur l’une des principales places de cette ville du centre de l’Allemagne, se veut un plaidoyer contre la censure sous toutes ses formes.
Des livres contre la censure
L’artiste de 74 ans, emblème du pop-art en Amérique du Sud, la définit d’ailleurs comme "la plus politique" de ses oeuvres, selon l'AFP.
On peut distinguer des livres écrits par Karl Marx, Alexandre Soljenitsyne le dissident russe mais aussi "Le Petit Prince" d'Antoine de St-Exupéry, "L'alchimiste" de Paolo Coelho, ou la bande-dessinée "Persepolis" de Marjane Satrapi.
La liste des ouvrages qui furent un jour frappés par la censure ressemble à un inventaire à la Prévert.
Tous les livres sont glissés dans une pochette en plastique pour les protéger d’un ciel souvent capricieux. Ils sont ensuite fixés à une armature qui reproduit fidèlement le chef-d’oeuvre architectural édifié au Ve siècle avant Jésus-Christ.
Symbole fort dans une Allemagne hantée et honteuse de son passé nazi, le "Parthénon des livres " a été bâti à l’endroit même où en 1933 furent brûlés les livres d’auteurs juifs ou marxistes par les sbires d’Adolf Hitler.
A Cassel, la collecte des livres se poursuivra tout au long de la Documenta qui refermera ses portes le 17 septembre. Puis les livres seront redistribués au public et le monument démonté.
Martine Béguin/mcc/afp