Mariée à un officier en 1933, Anna Zemánková abandonne son métier dʹassistante dentaire en 1936 à la naissance de leur deuxième enfant. En 1948, la famille sʹinstalle à Prague. Au cours des années 1950, cette mère de famille assez agitée et malade de diabète se fera amputer des deux jambes.
À passé cinquante ans, elle se met alors à peindre, à dessiner, à coller des représentations de figures organiques, animaux, plantes, minéraux, grappes de fruits hybrides, corps recomposés, extraterrestres.
Au royaume de l'aube
Elle utilise un grand nombre de techniques, dont certaines quʹelle invente: pastel et dessin à la plume ou au stylo à bille, perforation du support, dessin gaufré pressé selon un relief réalisé sur du papier chiffon fait à la main, peinture sur soie ou sur satin.
Elle crée selon un rituel immuable. Lʹaube est son royaume: chaque matin entre quatre et sept heures, accompagnée de la musique de Bach, Beethoven ou Janacek, elle dessine ses fleurs infinies avec une extrême concentration.
On ne peut qu'être ébloui, fasciné et ému à tout instant de cette oeuvre. Cette capacité à se développer sur des supports tellement différents montre que la richesse de son oeuvre est infinie.
Son travail est merveilleux, puissant, joyeux, vierge de toute référence. Son oeuvre est libertaire et inventive, selon Philippe Lespinasse, qui a découvert la collection d'Anna Zemánková à Prague et qui signe le film accompagnant l’exposition.
La Collection de l'Art Brut présente 130 dessins issus de son fonds et de l'importante collection familiale, dont beaucoup sont montrés pour la première fois, et d’une collection privée tchèque. Elle possédait déjà certaines de ses œuvres, mais ne les avait encore jamais exposées.
Florence Grivel/mh
"Anna Zemánková", Collection de l'Art Brut, Lausanne, jusqu'au 26 novembre 2017.