La copie d'une oeuvre est-elle une oeuvre originale? C'est une question à laquelle le Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds tente de répondre, au travers de la collection de l'artiste suisse Olivier Mosset.
La copie et l'imitation sont les mamelles de l'art depuis l'antiquité. On ne se posait pas la question de l'original, la vérité était ailleurs. On copiait pour apprendre, on dupliquait pour diffuser une oeuvre appréciée. Toutefois, dès l'époque moderne, au moment où pointe le romantisme qui va donner à l'artiste un statut unique, seul contre tous, réalisant des oeuvres comprises par le plus petit nombre, la donne change. À cela, s'ajoute la naissance de la photographie qui permet le tirage infini de la même image.
Dues côté des beaux arts, les artistes vont donc renforcer l'idée d'unique et d'original… L'expressionnisme, l'abstraction, et plus tard l'expressionnisme abstrait poussent le geste artistique à des sommets paroxystiques. Et comme l'art est une succession de réactions et contre-réactions, à un certain moment, la donne change.
Pop art et répétition à l'infini
Dès les années 60, les artistes - lassés par ce subjectivisme exacerbé - vont se détacher du subjectif, ils vont prendre de la distance et, par exemple, privilégier la sérigraphie plutôt que la peinture. Le Pop art va prendre le pas de cette tendance, d'autres vont se saisir de protocoles. L'appropriation et la citation vont ainsi nourrir l'art conceptuel.
Dans les années 60 va débuter la carrière d'Olivier Mosset, ce Neuchâtelois qui monte à Paris pour finalement s'installer à Tucson Arizona. Il va appartenir à un groupe historique, les BMPT, quatre artistes pour qui l'expression artistique n'a pas besoin de se renouveler. Ils proclament le degré zéro de la peinture, soit des motifs qui peuvent se répéter à l'infini.
Des points et des cercles
Pour l'un des artistes du groupe, Niele Toroni, son oeuvre consiste en un alignement de points monochromes ou polychromes sur une surface blanche, réalisé par des empreintes de pinceau no 50, espacées régulièrement tous les 30 cm.
Mosset se lance dans ses fameux tableaux à cercles, qu'il répétera à l'identique pendant près de dix ans; d'une façon ironique, il retourne contre le marché de l'art le modèle ancien de la réplique. Mosset a réalisé une immense carrière qui va bien au-delà de ses cercles. Il possède une collection d'une qualité exceptionnelle, collection déposée au Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds, c'est à partir de ce fonds que le commissaire Gabriel Umstaetter a imaginé ce formidable parcours.
Florence Grivel/ld
"Répliques: l'original à l'épreuve de l'art", musée des beaux-arts de La Chaux-de-fonds, jusqu'au 29 octobre.
L'exposition "Répliques: l'original à l'épreuve de l'art"
Les œuvres retenues pour cette exposition proviennent en grande partie de la collection d'Olivier Mosset, donnée au musée en 2007. Elles reflètent l'intérêt jamais démenti de l'artiste pour les questions liées à la copie, la répétition, la citation ou l'appropriation, et sont pour la première fois confrontées systématiquement à un choix de ses propres œuvres, qui couvre l'ensemble de sa carrière.
D'autres œuvres, tirées de la collection du musée, permettent de les confronter à des antécédents historiques qui mettent en jeu les mêmes questions.
Des prêts généreux, institutionnels et privés, ont permis de compléter l'ensemble, et des artistes contemporains ont été sollicités pour permettre de poursuivre la réflexion en prenant en compte les enjeux actuels du numérique, qui instaure un régime de copies et de reprises potentiellement illimitées.