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Une installation téléphonique pour prévenir le suicide chez les jeunes

Exposition "Mal à ta vie" au parc des Bastions à Genève. [www.childrenaction.org - Ivan Simeon]
Arts visuels: l'exposition "Mal à ta vie" / Vertigo / 7 min. / le 5 septembre 2017
À l'occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide, l'exposition "Mal à ta vie" présente dans le parc des Bastions à Genève sept cabines téléphoniques, habitées de témoignages et décorées par des artistes.

Depuis sa création en 2003, le 10 septembre est la Journée mondiale de prévention du suicide. A Genève, devant le parc des Bastions, une installation artistique originale intitulée "Mal à ta vie" permet au grand public de mieux prendre conscience de ce fléau, qui touche tout le monde, sans distinction d’origines, de culture ou de classe sociale, mais qui frappe chez nous en particulier les jeunes de 15 à 25 ans. Le suicide est en effet la deuxième cause de mortalité chez les 15-25 ans après les accidents de la route. En Suisse, deux pour cent des jeunes âgés de 15 à 29 ans ont des pensées suicidaires tous les jours, ou tous les deux jours.

Le téléphone, symbole du lien

Sur la Place Neuve, sept cabines téléphoniques entièrement décorées par sept artistes internationaux sont à disposition des visiteurs. A l’intérieur de chaque cabine, un appareil téléphonique mural vintage permet au public d’écouter des témoignages de jeunes, de proches et de professionnels, ou de laisser un message vocal ou écrit. Une cabine téléphonique qui symbolise le lien aux autres et la possibilité de se faire entendre.

Un cri, pas forcément une envie de mourir

Pour le professeur Francois Ansermet, Chef du Service de Psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent aux Hôpitaux Universitaires de Genève, spécialiste du suicide chez les jeunes, paradoxalement, "le suicide peut être un saut vers la vie. C’est un cri, un appel, une convocation de l’autre. Chez les jeunes, poursuit-il, bien souvent, il n’y a pas de réelle volonté d’en finir ; ce n’est pas un choix mais un passage à l’acte, un court- circuit de la pensée".

Le recours à l’art, pour lui, est tout sauf un gadget de plus dans l’arsenal thérapeutique offert aux jeunes fragilisés. Il plaide au contraire pour que la création soit au cœur du dispositif de soins : "On pourrait imaginer une salle de répétition au sein de l’Hôpital par exemple, ou un studio radio, avoir recours aux textes d’auteurs, de poètes…Parler de soi à travers la musique, l’improvisation, le théâtre, le cinéma, ça aide, ça donne des images, ça les met sur la voie de leur drame intérieur", conclut le spécialiste.

Autant de projets qui verront le jour au sein de la Maison de l’enfant et de l’adolescent qui devrait ouvrir ses portes en 2023, un bâtiment au centre ville qui regroupera toutes les prestations dédiées aux problèmes des jeunes patients, et qui devrait faire la part belle à la création artistique.

Laurence Froidevaux/mg/olhor

"Mal à ta vie", parc des Bastions, Genève, du 4 au 10 septembre. Des étudiants en psychologie et en médecine sont présents sur le site entre 11h et 14h et de 16h à 19h.

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