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Ai Weiwei: "En Chine, la censure est très forte et elle empoisonne l’art"

Ai WeiWei, condamné à une amende de 15 millions de yuans en 2011. Arrêté en avril, l'artiste contestataire a été condamné à un redressement fiscal équivalent à 2 millions de francs. Sa liberté de parole et ses contacts avec la presse sont limités.
Le dissident chinois Ai Weiwei expose ses oeuvres au Palais de Rumine à Lausanne / La Matinale / 4 min. / le 21 septembre 2017
Le Musée cantonal des Beaux-Arts (MCBA) accueille la star planétaire de l'art contemporain. Le plasticien dissident investit chacun des musées du Palais de Rumine avec plus de 40 oeuvres. A voir dès le 22 septembre.

C'est une exposition unique en son genre. L'artiste chinois dissident n'expose pas seulement au musée mais investit toutes les institutions du Palais de Rumine: du Musée d'archéologie et d'histoire à la Bibliothèque cantonale et universitaire.

Ses oeuvres, 40 au total, sont disséminées de manière ultra-visible, parfois bien cachées, à l'image d'un jeu de pistes. Ce sera la dernière exposition du MCBA dans ses murs actuels avant son ouverture sur le site de Plateforme 10.

Référence à Marcel Duchamp

Chacune des oeuvres du plasticien chinois révèle une part de son vécu. Ainsi, "Blossom", immense tapis de fleurs de porcelaine fait allusion à la campagne des 100 fleurs de Mao, une vague de répression qui a provoqué l'exil de nombreux artistes, dont le père de Ai Weiwei, le poète Ai Quing.

Le titre de l'exposition "D'ailleurs c'est toujours les autres" fait référence à l'épitaphe de Marcel Duchamp, un des maîtres à penser de l'artiste chinois: "D'ailleurs c'est toujours les autres qui meurent".

Artiste charismatique

L'homme à un charisme impressionnant. Calme, disponible, malgré un agenda bien rempli. L’artiste ouvre presque chaque semaine une nouvelle exposition, aux quatre coins du globe, et en ce moment, il fait en plus la promotion de son film "Human Flow" qui retrace le périple et les souffrances des réfugiés à travers le monde, de la Syrie à la Turquie en passant par le Bangladesh ou le Mexique.

Le travail d’Ai Wei Wei prend souvent cette couleur, politique, engagée, qui dérange même. On se souvient qu’en 2016, il posait sur une plage, face contre terre, en reprenant la pose du petit Aylan retrouvé mort le 2 septembre à Bodrum, en Turquie. Cet artiste aime frôler les limites.

L'artiviste

Son travail, au Palais de Rumine, parle de surveillance, de violence cachée, de censure aussi. La Chine a du mal avec son insolence, sa liberté de ton. Il avait été emprisonné en 2011, puis assigné à résidence.

>> Voir l'interview d'Ai Weiwei sur sa relation avec la Chine :

Ai Wei Wei évoque sa relation avec la Chine
Ai Weiwei évoque sa relation avec la Chine / L'actu en vidéo / 1 min. / le 22 septembre 2017

Du coup, depuis 2015, Ai Weiwei vit en Allemagne, pour se tenir à distance du régime et élever son fils dans un pays plus ouvert.

"La situation en Chine n’est pas très claire. Ce qui se passe sur place, n’est pas vraiment perceptible en surface", explique Ai Weiwei au micro de la RTS. "De l’extérieur, les gens ne distingueront qu’une sorte de lutte interne, une lutte qui ne reflète pas la condition générale du pays. Cela place la Chine dans une situation extrêmement difficile. Le pouvoir devient illégitime." rajoute-t-il.

Mettez des géants, dans une pièce où le plafond est très bas. Si les géants ne tentent pas de casser ce plafond, ils ne pourront pas sortir. En Chine, la censure est très forte et elle empoisonne l’art. Car l’art, c’est précisément une question de liberté, de courage, de volonté de briser les frontières et les limites pour créer quelque chose de nouveau.

Ai Weiwei, artiste

Interrogé sur le paradoxe d'une société de plus en plus connectée, d'une part, et des personnes qui vivent dans des conditions extrêmes, dans la pauvreté, d'autre part Ai Weiwei estime au micro de la RTS que l’humanité est déchirée par la guerre, l’indifférence de la douleur de l’autre, par l’égoïsme, la cupidité et la fermeture d’esprit. Et aussi par certains politiciens qui utilisent cette mentalité pour accroître leur propre pouvoir.

>> Ai Weiwei, un artiste libre et engagé :

Ai Weiwei un artiste libre et engagé pour les droits humains
Ai Weiwei un artiste libre et engagé pour les droits humains / 19h30 / 2 min. / le 22 septembre 2017

Martine Béguin/ats/mcm

"Ai Weiwei. D'ailleurs c'est toujours les autres", Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne, du 22 septembre au 28 janvier 2018

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