Ai Weiwei a aujourd’hui 60 ans. Avant d’être une star médiatique, il aura été joueur de black jack professionnel à New York, éditeur, commissaire d’exposition, sculpteur, barbier et excellent cuisinier. Son travail ressemble à sa vie: multiple, osant tous les genres, aussi contemporain que millénaire.
Au Palais de Rumine, à Lausanne, on découvre ses oeuvres un peu partout, et elles font mouche. Au Musée cantonal des Beaux-arts, sous couvert d’élégant papier peint aussi doré que bourgeois, il nous parle de son emprisonnement et assignation à résidence sous l’oeil des caméras de surveillance. Ailleurs, dans la porcelaine fleurie, il évoque la Campagne des cent fleurs qui, en 56, avait valu à son père poète 20 ans d’exil dans les camps de travail du désert Gobi.
Au Musée d’archéologie, il glisse au coeur d’une fouille la terrible histoire des milliers d’enfants morts anonymement dans leurs écoles, lors du tremblement de terre dans la province du Sichuan, pour lesquels il avait fait campagne durant deux ans afin de retrouver leurs noms.
Il fait encore planer un immense dragon de papier coloré, orné de citations de dissidents célèbres au-dessus des vitrines aux animaux naturalisés du musée de zoologie.
Embrassant toujours d’un même geste politique, activisme et acte de mémoire.