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Adel Abdessemed s'expose à Lyon, un retour aux sources qui fait polémique

L'exposition « L'Antidote » d'Adel Abdessemed au MAC de Lyon, créée la polémique
L'exposition « L'Antidote » d'Adel Abdessemed au MAC de Lyon, créée la polémique / RTSculture / 3 min. / le 12 mars 2018
Après l'ouverture de l'exposition "L'Antidote" d'Adel Abdessemed au MAC de Lyon, la polémique enfle autour d'une de ses installations vidéo. Connu pour ses œuvres spectaculaires racontant la violence du monde, l'artiste franco-algérien hante deux étages du musée lyonnais.

D’abord une odeur d’humidité tiède surprend le visiteur, puis c’est l’immersion dans les entrailles de l’enfer du monde. Un enfer d’argile frais, des murs d’où surgissent toutes sortes de figures, des travailleurs forcés, entourés de guerriers qui les contrôlent.

La force de cette fresque en trois dimensions est de nous plonger dans toutes les couches de l’histoire guerrière ou esclavagiste, où des damnés font suffoquer le spectateur. Efficace horreur. L’œuvre d’Adel Abdessemed repose sur cette efficacité, cette frontalité.

Toute la violence du monde

Adel Abdessemed suivra, peut-être inconsciemment, les conseils de sa mère qui l’encouragea à faire de l’art comme Charlie Chaplin: accessible à tous. L'artiste nous renvoie à la face toute la violence du monde, toutes les violences, comme il l'a fait en 2006 avec sa sculpture représentant le coup de boule de Zidane à Materazzi, installée devant le Centre Pompidou. L'oeuvre a fait grand bruit.

>> A lire : Zidane: son fameux "coup de tête" coulé dans le bronze

Abdessemed, ça sent le roussi

Quelques jours après l'ouverture de son exposition ''L’antidote", la polémique enfle sur les réseaux sociaux, une de ses oeuvres choque particulièrement. Il s'agit d'une vidéo - une séquence en boucle - montrant des coqs, pendus tête en bas, brûlés vifs.

C'est impressionnant, dur et cruel. Putassier peut-être, efficace en tout cas, gratuit sans doute. Pas si l'on reconnaît que la violence est un des ressorts de l'esthétique de l'artiste.

Plusieurs personnalités et associations de défense des droits des animaux expriment leur mécontentement sur Twitter. Le MAC de Lyon est sorti du silence et il a pris position.

Catalogue de l'exposition "Adel Abdessemed - Je suis innocent'' au Centre Pompidou. [Editions Steidl]
Catalogue de l'exposition "Adel Abdessemed - Je suis innocent'' au Centre Pompidou. [Editions Steidl]

Selon l'artiste, aucun poulet n'est mort post performance, comme il l'explique au micro de la RTS. Pour cette séquence d'une durée de trois secondes, il a utilisé le même produit que pour lui, il y a quelques années, pour l'exposition ''Je suis innocent''. La scène a été démultipliée pour donner l'impression qu'il y a de nombreux poulets. Ainsi mise en boucle, le spectateur se retrouve face à une torture sans fin.

A ceux qui rétorqueraient que les poulets n'avaient pas demandé à être enflammés, on répondra qu'aucun poulet au monde ne valide le fait d'être massacré quotidiennement pour régaler les humains.

Art ou maltraitance?

Ce n'est pas la première fois que l'artiste suscite la polémique concernant le traitement des animaux, en 2008, son exposition "Don’t trust me", représentant des animaux abattus à coup de masse, avait fait grand bruit.

Selon l’artiste, l’art doit être un facteur de mouvement, de changement, C'est pourquoi, l’art doit percuter.

Dès son apparition sur la scène artistique, l’oeuvre d’Adel Abdessemed a été perçue comme une réponse à la situation du monde contemporain avec tous les mouvements convulsifs qui le traversent. L’artiste franco-algérien utilise différents médiums pour capter la rumeur des aléas de l’histoire et les contradictions du monde, et les changer en images puissantes.

Une force de frappe évidente, à grand renfort de coups spectaculaires, mais aussi une série de grands dessins au fusain, vibrants et ouverts sur une subtilité, une poétique et un mystère.

Florence Grivel/Andréanne Quartier-la-Tente/olhor

L’antidote, Adel Abdessemed, MAC, Lyon (F), jusqu’au 8 juillet. Et également au Mac’s Grand Hornu, en Belgique, jusqu’au 3 juin.

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