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Le musée de Pully consacre le Léman peint par Ferdinand Hodler

"Le lac Léman vu de St-Prex", peint par Ferdinand Hodler en 1901. [keystone - Martial Trezzini]
Arts visuels: Hodler, "la palette du Léman" / Vertigo / 5 min. / le 13 mars 2018
L'année 2018 marque le centenaire de la mort de Ferdinand Hodler. Une cinquantaine de toiles issues de collections privées, dont celle de Christoph Blocher, disent l'obsession du peintre pour le lac, ses humeurs, ses couleurs, ses reflets.

Après le "Hodler intime" du musée d'art et d'histoire de Genève, c'est au tour du musée d'art de Pully de rendre hommage au peintre suisse, dont on célèbre cette année le centième anniversaire de la mort. Avec "Hodler et le Léman", le musée propose une exposition exclusivement consacrée à ce grand lac mélancolique, calme et souverain, que le peintre aimait tant, pour ses couleurs, ses reflets et ses effets de symétrie.

Ses paysages lacustres - Léman ou lac de Thoune - constituent d'ailleurs le tiers de sa production paysagère. Et se vendent à plusieurs millions d'euros.

Toiles issues de collectionneurs privés

"Le Grammont", 1905, huile sur toile 64,5X105,5 cm. Collection Christoph Blocher [@SIK-isea, Zurich - Philipp Hitz]
"Le Grammont", 1905, huile sur toile 64,5X105,5 cm. Collection Christoph Blocher [@SIK-isea, Zurich - Philipp Hitz]

Avec vue sur le Grammont, le Jura ou le Mont-Blanc, depuis Vevey, Saint-Prex ou Genève, Ferdinand Hodler (1853-1918) a couché plus de 100 fois le Léman sur la toile. Il y apparaît tour à tour majestueux, silencieux, moderne, hypnotique, atemporel, puissant, symbolique ou réel. Le musée de Pully expose une cinquantaine d'oeuvres, toutes provenant de collections privées, dont celle de l'ancien conseiller fédéral Christoph Blocher. Le public pourra ainsi découvrir jusqu'au 3 juin des paysages rarement visibles. Certains sont même présentés pour la première fois depuis plus d'un siècle.

Enfance à la Dickens

Réalisée en collaboration avec les archives Jura Brüschweiler, l'exposition se décline dans une dizaine de salles, dont chacune correspond à une période de la vie d'Hodler. Une vie faite de gloire et de cendres, marquée très tôt par la mort de ses proches, lui dont le père, la mère et ses cinq frères et soeurs ont été décimés par la tubercolose.

Dans ma famille, on mourait tout le temps. J’ai fini par avoir l’impression qu’il y avait toujours un mort dans la maison et qu’il devait en être ainsi.

Ferdinand Hodler, peintre suisse
"Le Léman et le Mont-Blanc aux nuages roses" (mars) 1918, huile sur toile, 60X85 cm [@Archives Jura Brüschweiler - Pierre Montavon]
"Le Léman et le Mont-Blanc aux nuages roses" (mars) 1918, huile sur toile, 60X85 cm [@Archives Jura Brüschweiler - Pierre Montavon]

Le lac devient ainsi au fil de sa carrière comme une sorte de miroir de ses états d'âme. "Ce n'est pas tout à fait comme un journal intime mais il y a un rapport très étroit entre ce qui se passe dans sa vie et la manière de peindre le Léman", commente Niklaus Manuel Güdel, directeur des Archives Jura Brüschweiler.

La riche idée de la série

A 17 ans, Ferdinand quitte Berne pour Genève. Il fait le trajet à pied, plus par économie que par goût de la marche. Quelques années plus tard, il devient un peintre célébré et riche. "En 1904, il expose à Vienne qui le consacre internationalement. Cette même année, il dit qu'il a vendu pour 80.000 francs de tableaux. Ce qui correspondrait aujourd'hui à plus de 800.000 francs", explique Laurent Langer, conservateur du musée de Pully.

"Pommiers au bord du Léman" vers 1893, huile sur toile 45X63 [@SIK-isea Zurich]
"Pommiers au bord du Léman" vers 1893, huile sur toile 45X63 (Collection privée) [@SIK-isea Zurich]

Le même ajoute que si le lac a été un des thèmes de prédilection du peintre, c'est à la fois parce qu'il l'aimait et qu'il s'y sentait bien, mais aussi pour des raisons commerciales, d'où l'idée de série avec variations. "Celle du Grammont ou de Chexbres reprend toujours la même composition et, selon le désir du commanditaire, Hodler y ajoutait arbres ou nuages".

Sujet radio Florence Grivel/Réalisation web Marie-Claude Martin

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