Né en 1927 à Rimini et décédé en 1995 à Pully, Hugo Pratt a laissé dans son sillage un univers inépuisable. Une planète folle et cohérente habitée de 390 personnages, dont Corto Maltese est la clé de voûte.
Aujourd'hui, dans l'exposition "Hugo Pratt lignes d'horizons", le musée des Confluences de Lyon met comme jamais la richesse de cette oeuvre en perspective à travers une balade immersive et théâtralisée dans les cases. Les aquarelles et les dessins originaux dialoguent avec des objets des cultures d'ailleurs qui fascinaient l'auteur.
Pratt plus fascinant que Corto
Dessinateur surdoué, l'homme avait du charisme à revendre. Il était né pour raconter des histoires. Bon vivant, curieux et assoiffé de connaissances. Jamais pédant, autodidacte insatiable, il savait comme nul autre mettre son érudition au service de l'imagination débridée.
Comme Corto Maltese, Hugo Pratt était un voyageur, c'était un aventurier. Corto Maltese – Hugo Pratt, deux alter ego? Ils présentaient de nombreuses parentés. Forcément. Mais, comme le dit à la RTS Didier Platteau, l'ex-directeur de Casterman, ami et occasionnel compagnon de voyage d'Hugo Pratt: "Les fans venaient voir Hugo Pratt pour lui parler de Corto Maltese et après l'entretien, ils repartaient fascinés par Hugo Pratt".
L'exposition attendue
Depuis son décès en 1995, Hugo Pratt n'avait pas retrouvé le devant de la scène. Cela fait pourtant une vingtaine d'années que la Société Cong – la gardienne de l'oeuvre – caressait le projet de faire entrer Hugo Pratt dans un grand musée d'ethnographie.
C'est aujourd'hui – enfin – chose faite: l'auteur, 130 planches et aquarelles originales et sa cohorte de personnages tutoient les objets des collections des Confluences: 93 objets venus des quatre coins du monde placés en miroir devant les dessins du maestro.
Donner vie à l'oeuvre
Les scientifiques et les scénographes des Confluences ont eu toute liberté pour jouer avec les dessins. Sur le papier ils promettaient une exposition "immersive et théâtralisée", le résultat dépasse largement ces promesses. Le propos se déroule comme un voyage, le visiteur est invité à entrer dans les cases (les plus grands agrandissements font de 5 à 7 mètres). La vie, les sources d'inspirations, les thèmes, les contrées visitées… Labyrinthique, comme l'est l'oeuvre de Pratt, l'exposition témoigne de sa richesse et de ses profondeurs. "On s'y perd, comme on aime se perdre dans l'oeuvre d'Hugo Pratt", souligne Didier Platteau avec gourmandise.
Texte et sujets radio: Marlène Métrailler
Sujet vidéo: Andréanne Quartier-la-Tente
"Hugo Pratt, lignes d'horizons", Musée des Confluences, Lyon. A voir jusqu'au 24 mars 2019