L'exposition "Les spoliations nazies et leurs conséquences" présente près de 130 œuvres dont l'origine et les conditions d'acquisition n'ont pas encore pu être établies avec certitude, sur les presque 1600 léguées par Cornelius Gurlitt au Kunstmuseum.
Les acteurs suisses et allemands du dossier ont présenté mercredi matin à Berne les rapports entre le marché de l'art et la politique de persécution et de spoliation nationale-socialiste.
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Dans la France occupée, le marché de l'art connaît un essor exceptionnel. Les marchands d'origine juive sont contraints de vendre ou de céder leurs collections. Hildebrand Gurlitt et d'autres Allemands en profitent largement. Ils achètent en France des œuvres d'art, souvent à prix cassés, notamment pour combler les trous laissés dans les musées allemands par les purges nazies contre "l'art dégénéré ".
Déjà partiellement présentée l'année dernière à Bonn, cette deuxième partie de l'exposition Gurlitt présente à Berne des œuvres majeures de grands artistes – Courbet, Ottto Dix, Rodin, Monet et bien d'autres – des œuvres dont le parcours est en cours d'analyse, et dont certaines ont du reste déjà été restituées aux descendants de leurs propriétaires juifs spoliés.
Au-delà des peintures, des sculptures et oeuvres graphiques, l'exposition offre un regard sur le rôle de la Suisse dans le commerce de l'art spolié, les méthodes de travail des experts qui mènent les recherches de provenance et pose des questions fondamentales sur la définition même de l'art spolié. Un questionnement aux effets directs sur la politique culturelle, tant il est vrai que le "trésor Gurlitt" modifie les pratiques et les visions des musées suisses en matière de restitution.
Alain Arnaud/mcc
"Les spoliations nazies et leurs conséquences", du 19 avril au 15 juillet 2018, Musée des Beaux-Arts de Berne