Pendant plus de 10 ans, entre 1975 et 1985, Pierre Keller sillonne le monde avec son polaroïd qu'il dégaine comme on donnerait sa carte de visite. L’époque est libertine, les tabous mis de côté, le narcissisme des corps nus, des pénis et des bouches offerts s'aiguise à la puissance d’immédiateté qu'offre le Polaroïd.
Pas de mélancolie
Au total plus de 5000 clichés, dont 400 ont été sélectionnés pour le livre "My colorful life" par le regard de l’artiste Nicolas Pages, qui fut dans une autre vie assistant de Nan Goldin à laquelle on pense en voyant cette balade torride mais sans mélancolie de Pierre Keller au pays du sexe et de l’éros. Face à certains de ses cadrages, on pense aussi à Mapplethorpe, en plus spontané. Une certaine vision de New York à la fin des années septante, juste avant le sida, où flotte le vent de la liberté.
Au travers de ces 400 images du livre dédié à sa production de polaroïds réalisés entre 1975 et 1985, on suit cette sorte de carnet intime d’une époque de grande liberté et libertinage, entre Paris, New York, Grandvaux, Bogotá.
Les cadrages sûrs et innovants des polaroïds montrent à quel point Keller, à l'origine graphiste, a le goût de la composition.
Florence Grivel/mh
Pierre Keller "My colorful life", éditions Patrick Frey, 2018
et aussi: Exposition "My Colorful Life", Pierre Keller, QG, La Chaux-de-Fonds, jusqu'au 17 juin 2018.
Exposition "Kilo-Art", le Palais, Neuchâtel, jusqu'au 17 juin 2018.