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Art Basel s'éloigne des clichés et fait la part belle à la diversité

Kehinde Wiley, Saint Gregory the Great, 2018. [GALERIE TEMPLON, KEHINDE WILEY STUDIO. - SEBASTIANO PELLION DI PERSANO]
Kehinde Wiley, Saint Gregory the Great, 2018. - [GALERIE TEMPLON, KEHINDE WILEY STUDIO. - SEBASTIANO PELLION DI PERSANO]
Fini le cliché des espaces cliniques et très masculins: la 49 édition d'Art Basel fait la part belle au noir et à la différence, loin des canons occidentaux. Cinq exemples.

Des plus de 4000 œuvres exposées à Art Basel cette année – un nombre qui reste dans la norme pour un salon d'une telle envergure – il est pour le moins impossible de dégager une tendance tant les styles divergent.

Celles qui thématisent la diversité sont cependant prépondérantes.

Rashid Johnson, "Antoine’s Organ", 2016 (galerie Hauser & Wirth)

L'oeuvre monumentale de Rashid Johnson est visible, mais aussi audible de loin. Aux quatre coins de la halle Unlimited, on entend résonner les sons que dégagent l'installation.

A travers une multitude de plantes en pot, on distingue à peine la silhouette d'un homme qui joue du piano dans la pénombre. Ce pianiste, Antoine Baldwin (aka "Audio BLK"), a été mandaté par Rashid Johnson pour jouer de son instrument pendant toute la durée du salon.

A 41 ans, Johnson fait partie des artistes conceptuels post-black; il a couplé son "Antoin’s Organ» à de multiples références comme des livres tels que «The Souls of Black Folk» trônant sur les étagères de l'œuvre.

S'y ajoutent des sculptures en beurre de karité – un produit d'Afrique sorti de l'enfance de Johnson, à Chicago, et que toute bonne famille afroaméricaine se doit d'avoir.

Helen Verhoeven, "Church I", 2018 (galerie Stigter van Doesburg)

Quel aurait été le résultat si l'on avait demandé à Helen Verhoeven, il y a 500 ans, de construire une église? C'est la question que se pose l'artiste hollandaise de 44 ans et qui y répond dans la foulée.

Dans l'agitation d'Art Basel, on aperçoit une petite structure, un lieu sacré qui se démarque clairement des lieux de culte classiques: tapis marocains au sol, lustre fait d'éléments en formes de goutte au plafond, figures d'argile,... un délicieux mélange que l'artiste commente elle-même comme suit: "…biblical proportions, but also with pretty light and naked ladies" (des proportions bibliques mais avec des lumières tamisées et des femmes nues).

>> A lire aussi : Cinq oeuvres à voir à la foire de l'art contemporain Art Basel

Candice Breitz, "TLDR", 2017 (Goodman Gallery)

L'œuvre qu'expose cette année la célèbre artiste sud-africaine Candice Breitz dans le cadre d'Unlimited est monumentale et complexe. "TLDR" ("Too long, didn’t read") se compose de deux parties: dans une salle, elle projette un film d'une heure sur les travailleurs du sexe au Cap et dans une autre, elle tire le portrait de quelques-uns de ces "sex workers" (visionner la vidéo sur Vimeo).

Les thématiques abordées sont la couleur de peau (le blanc, en l'occurrence), les privilèges et la visibilité. Breitz va encore plus loin et pose la question de son propre rôle d'artiste, de notre capacité d'attention et de notre fétichisme pour les VIP. L'artiste touche ainsi de nombreux points sensibles – en particulier parmi le public artistique.

Kehinde Wiley, "Saint Gregory the Great", 2018 (Templon)

Kehinde Wiley, Saint Gregory the Great, 2018. [GALERIE TEMPLON, KEHINDE WILEY STUDIO. - SEBASTIANO PELLION DI PERSANO]
Saint Grégoire le grand de Kehinde Wiley, 2018. [GALERIE TEMPLON, KEHINDE WILEY STUDIO. - SEBASTIANO PELLION DI PERSANO]

La galerie Templon de Paris avait l'artiste afro-américain dans son catalogue bien avant qu'il n'immortalise Barack Obama. Elle expose en effet depuis 2011 les portraits de Kehinde Wiley, qui recompose les grands classiques de l'histoire de l'art avec des personnages afro-américains.

Son dernier portrait, "Saint Gregory the Great"– dont il a mis la touche finale peu avant le début du salon – montre un Haitien qui reprend l'image du pape Grégoire le grand de Goya.

Lubaina Himid, œuvres diverses (Hollybush Gardens)

Née à Zanzibar, Lubaina Himid a grandi en Grande-Bretagne. Elle est la première femme noire à remporter le prestigieux prix Turner (2017).

Depuis des dizaines d'années, l'artiste de 64 ans aborde différents chapitres de l'histoire et fait la part belle aux femmes d'Asie et d'Afrique.

A la section "Feature" d'Art Basel, on peut admirer des œuvres tridimensionnelles ou encore des coupures du quotidien anglais "The Guardian", dont l'artiste a compilé les photos représentant des noirs et associées à des titres négatifs.

Elle les a agrémentées de publicités pour thématiser la question des stéréotypes.

Emilie Buri (Text) et Lukas Keller (Videos) pour SRF Kultur/Adaptation web Miruna Coca-Cozma

>> Sujet traité dans RegionalJournal Basel, 11.6.2018 à 17 h 30. Un article publié sur SRF Kultur (en allemand) .

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Immense, fort et strident

"Art Unlimited" placée cette année et pour la septième fois sous la direction de Gianni Jetzer, invite à découvrir des œuvres qui ne trouveraient pas leur place dans une galerie classique.