Aristocrate autoproclamé; seigneur d'un domaine majestueux dans les Alpes vaudoises; peintre mozartien; "L'homme au chapeau rouge" selon l'écrivain Hervé Guibert; "Le roi des chats" comme l'atteste un de ses autoportraits; descendant de Lord Byron comme il le faisait croire; Balthus a toujours cultivé le mystère comme il a soigné sa silhouette de dandy austère, la parachevant à la fin de sa vie d'un kimono d'empereur pour étoffer son corps d'échassier, et de sabots paysans pour rappeler son goût de la nature immuable.
Un oxymore vestimentaire, à l'image de sa peinture: à la fois paisible et inquiétante; innocente et érotique; simple et complexe; banale et fantastique.
Balthus est un peintre dont on ne sait rien et maintenant, regardons les peintures!
On sait pourtant deux ou trois choses, notamment que Balthazar Klossowski, dit de Rola, est né en 1908 à Paris, un 29 février, ce qui ajoute à sa rareté. Que son père, d'ascendance polonaise, était historien d'art et sa mère, Baladine Klossowska, peintre, d'origine russe. Qu'il a été élevé entre Berlin (ses deux parents étaient ressortissants prussiens), Genève, Berne et Paris.
On sait aussi qu'il avait un frère aîné, l'écrivain et philosophe Pierre Klossowski et qu'il s'est marié une première fois en 1937 avec Antoinette de Watteville qui a été son modèle dans plusieurs toiles, dont "La Toilette".
On sait encore qu'il a rapidement été démobilisé au début de la Seconde Guerre mondiale mais ses biographes ne savent pas très bien pourquoi. Lui, explique qu'il a été grièvement blessé après avoir sauté sur une mine et perdu deux soldats.