Deux ans après avoir repris le destin du cow-boy le plus célèbre de la BD, le scénariste Jul et son complice dessinateur Achdé signent le 80e album du héros créé par Morris en 1946. Après "La Terre promise", où Lucky Luke devait escorter une famille de Juifs d'Europe jusqu'au Grand Ouest, le voici en train de quitter pour la première fois de son existence le continent américain pour l'Europe.
Avec "Un cow-boy à Paris", Jul imagine le célèbre héros et son cheval dans la capitale française, alors en pleine effervescence culturelle. Lucky Luke a une mission: convoyer jusqu'à New York la statue de la Liberté, cadeau des Français aux Américains.
Au cours de son périple, Lucky croise Verlaine et Rimbaud - qui ressemble comme deux gouttes d'absinthe à Billy the Kid - mais aussi Victor Hugo, Gustave Eiffel, qui a conçu la structure en fer de la statue de la Liberté, et bien sûr Auguste Bartholdi, son célèbre sculpteur. Entre western et romanesque parisien, Jul et Achdé s'en donnent à coeur joie, faisant du mélange des cultures une source permanente de gags.
Lucky Luke, qu'on imagine belge au début de l'album, a forcément des origines européennes. Peut-être allemandes, puisque c'était la plus grande communauté à migrer et qu'il s'en est fallu de peu que l'Amérique parle allemand.
En revanche, Jul attribue des origines françaises à son cheval Jolly Jumper: "il est râleur, un peu flemmard et mauvais esprit, il adore discourir et sait manier le second degré".
Basé sur un fait historique
Dix-septième scénariste des aventures du cow-boy, Jul, fidèle à l'esprit de Goscinny, a construit sa fiction à partir d'une réalité historique. "Le fait réel, c'est l'épopée de la statue de la Liberté. En particulier, la tournée hallucinante de Bartholdi en Amérique, à la recherche de fonds pour financer la construction du socle de sa statue."
Comme Goscinny encore, Jul mélange savamment action et humour, déclinant plusieurs niveaux de lecture et de références, dont certaines contemporaines, pour que les enfants, leurs parents et leurs grands-parents trouvent leur plaisir. Les clins d'oeil sont nombreux, et les hommages aussi, notamment à Cabu.
Propos recueillis par Pierre-Philippe Cadert
Réalisation web: Marie-Claude Martin