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Entretiens avec Bernardo Bertolucci

Le scénariste et réalisateur italien Bernardo Bertolucci est décédé à Rome, à l'âge de 77 ans, des suites d'un cancer. Natif de Parme, il a marqué le renouvellement du cinéma d'auteur italien dans les années 1960.

Parmi ses nombreux films, on peut relever "Prima della rivoluzione" en 1964, "Le Dernier Tango à Paris" en 1972 ou encore "Le dernier empereur" en 1987. Son rêve était d'établir un pont entre Hollywood et le cinéma d'auteur européen.

Le journaliste Rafael Wolf l'avait rencontré en 2013 pour l'émission "Vertigo", peu de temps après la sortie de "Moi et toi", son dernier film. Dans cette série de cinq interviews, le réalisateur italien revient sur l'ensemble de sa carrière.

>> A lire : Le cinéaste italien Bernardo Bertolucci est décédé à 77 ans

Les débuts avec Pasolini

C'est le cinéaste et poète Pier Paolo Pasolini, qui habite le même immeuble que celui des Bertolucci à Rome, qui donne au jeune Bernardo la passion du cinéma et aussi sa première chance d'en faire.

PPP le prend comme assistant sur "Accattone". "Travailler aux côté de Pasolini, c'était comme naître au cinéma". C'est encore PPP qui l'encourage à passer à la réalisation avec "La commare secca", en 1962. Bertolucci découvre que faire des films, c'est comme une transe.

Bernardo Bertolucci en 1981. [AFP - Ralph Gatti]AFP - Ralph Gatti
Cinéma: Bernardo Bertolucci, la rencontre (1/5) / Vertigo / 5 min. / le 11 novembre 2013

Jean-Luc Godard, le maître

Bertolucci adore la Nouvelle Vague, et particulièrement Jean-Luc Godard, dont il est proche. Godard qui avait dit le plus grand bien de son premier film "Prima della Rivoluzione", tourné en 1964.

Le réalisateur italien Bernardo Bertolucci en 2013.
Cinéma: Bernardo Bertolucci, la rencontre (2/5) / Vertigo / 5 min. / le 12 novembre 2013

Mais les deux hommes se brouilleront au début des années 70. "Les chinoiseries de Godard" ne plaisent pas trop à l'Italien qui a toujours préféré une mauvaise comédie musicale à un bon tract. Et le goût du spectacle de l'Italien est perçu comme une trahison par le protestant Godard.

"Io et te", le nouveau film

"Io et te" (2013) est un peu le film de la Renaissance. Bertolucci n'avait plus tourné depuis 2003, depuis qu'une hernie discale l'a contraint à vivre dans un fauteuil roulant. Il s'agit d'un huis-clos entre un frère et sa demi-soeur, qui est aussi un éveil à l'amour. Vampires ou anges? Peut-être les deux à la fois.

"J'adore les huis-clos, les endroits fermés comme une grotte. C'est l'image même du cinéma", dit Bertoculcci au micro de la RTS.

Le réalisateur Bernardo Bertolucci avec les acteurs Jacopo Olmi Antinori et Tea Falco lors de la présentation du film "Io e Te" en 2012 à Rome. [AFP - Tiziana Fabi]AFP - Tiziana Fabi
Cinéma: Bernardo Bertolucci, la rencontre (3/5) / Vertigo / 6 min. / le 13 novembre 2013

Le scandale du "Dernier tango à Paris"

"Je suis de cette génération qui est allé très loin contre les valeurs de ses parents. La transgression, voilà ce que nous voulions", disait Bertolucci. Le cinéaste connaît le scandale avec "Le dernier Tango à Paris" (1972). Scandale qui changera de camp par la suite. Si la scène dite du beurre pouvait choquer le bourgeois des années 70, c'est aujourd'hui le mauvais traitement infligé à son actrice Maria Schneider qui heurte les sensibilités.

Maria Schneider et Marlon Brando dans Le dernier Tango à Paris.
Collection ChristopheL/Les Productions Artistes Associés
AFP [AFP - Collection ChristopheL/Les Productions Artistes Associés]AFP - Collection ChristopheL/Les Productions Artistes Associés
Cinéma: Bernardo Bertolucci, la rencontre (4/5) / Vertigo / 6 min. / le 14 novembre 2013

Autre scandale, mais d'un ordre tout différent, "Novecento", sa fresque marxiste italienne de plus de quatre heures produite avec des fonds américains. Pour Bertolucci, c'était encore une façon de construire un pont entre Hollywood et le cinéma d'auteur européen.

Le triomphe oscarisé du "Dernier empereur"

Après "Tragédie d'un homme ridicule" (1981), Bertolucci désire filmer ailleurs, et en langue anglaise. Pourtant, malgré ses succès, Bertolucci ne tournera jamais aux Etats-Unis.

Bernardo Bertolucci sur le tournage du film "Le dernier Empereur". [AFP - Jerry Thomas / RPC / Hemdale / Y / Collection ChristopheL]AFP - Jerry Thomas / RPC / Hemdale / Y / Collection ChristopheL
Cinéma: Bernardo Bertolucci, la rencontre (5/5) / Vertigo / 6 min. / le 15 novembre 2013

En 1984, la Chine est encore très fermée et le cinéaste s'y rend avec l'idée d'adapter "La Condition humaine" de Malraux. En seconde option, il a aussi un script sur Puyi (1906-1967), dernier empereur de Chine.

Les Chinois diront non au premier projet et oui au second. Lors de la 60e Cérémonie des Oscars, "Le dernier Empereur" remportera neuf statuettes.