"Changer le monde aujourd'hui ne suffit pas. Il faut le régénérer, le purifier". Qui pourrait dire cela? Un expert en écologie? Un militant de la cause animale? Un anti-capitaliste convaincu?
Sortie de son contexte, cette phrase s'adapte à toutes les causes, toutes les idéologies. Dans "Dévoilées", le téléfilm de Jacob Berger, c'est Anaïs, jeune étudiante en médecine à Genève, récemment convertie à l'Islam, qui le dit. "Je n'ai pas voulu voir la révolte djihadiste comme le mal absolu: aussi dangereuse, vaine et malsaine soit-elle, une révolte part souvent d'un idéalisme", disait Jacob Berger au micro de la RTS, lors du tournage de ce téléfilm co-écrit avec la scénariste et comédienne Noémie Kocher.
Trois femmes, trois points de vue
"Dévoilées" met en scène trois femmes, de trois générations: Anaïs (Lola Creton), jeune Suissesse récemment radicalisée, Léa (Julie Gayet), sa mère, complètement tétanisée quand elle le découvre, et Isabelle (Marthe Keller), la grand-mère qui, 47 ans auparavant, s'était engagée dans la cause palestinienne jusqu'à mettre en péril ses proches. Un secret qu'elle a gardé durant toutes ces années.
Ce qui me passionne par dessus tout, c'est la manière dont le secret façonne nos existences et comment il affecte les individus. Sans le savoir, Lola va donc répéter l'histoire de sa grand-mère.
Mettre en parallèle le terrorisme politique des années 70 et celui du Djihad d'aujourd'hui, l'approche est audacieuse, tant le premier bénéficie d'une certaine indulgence - du moins dans certains milieux - alors que le second est voué aux gémonies. "On est souvent aveuglé par notre indignation. Ce qui m'intéressait était de montrer le point commun entre ces deux formes de violence: la révolte, le sacrifice, l'idéalisme", dit le réalisateur.
Le point de départ de cette fiction est l'explosion, le 21 février 1970, de l'avion Swissair reliant Zurich et Tel-Aviv. Cet attentat qui a fait 47 morts n'a jamais été revendiqué. "Dévoilées" met en symétrie le destin de la grand-mère mêlée à cet attentat et celui de sa petite fille qui bascule dans le djihadisme.
Propos recueillis par Yves Zahno/mcm
"Dévoilées" est diffusé mercredi 28 novembre sur RTS1. Il sera suivi d'un débat à Infrarouge intitulé: "Radicalisme, le pire est-il derrière nous?"