"Roma"? C’est le Lion d’or de la dernière Mostra de Venise. Un film réalisé par une star du septième art, Alfonso Cuaron, déjà oscarisé pour "Gravity". Un film sublime, en noir et blanc, tourné en 65 mm. Une plongée intime et grandiose dans le Mexique des années septante. Pourtant, "Roma" ne sortira que dans quelques dizaines de salles dans le monde, avant sa mise en ligne le 14 décembre.
Exclu de la compétition cannoise
Dès ce mercredi, 5 décembre, la salle indépendante sise rue de Carouge, à Genève, le CinéramaEmpire, sera donc le seul lieu de Suisse romande, "et même de toute l'Europe francophone" à le projeter, précise Didier Zuchuat, son exploitant.
Car "Roma" est aussi un film Netflix. Et d’habitude, la plate-forme réserve ses productions et acquisitions à ses quelque 140 millions d’abonnés en ligne, sans passer par la traditionnelle salle de cinéma. Avec les polémiques que l’on sait: en France, la non-sortie en salle a valu à Netflix – et donc à "Roma" - son exclusion de la compétition cannoise.
Le film conçu pour grand, très grand écran
En septembre dernier, une première pour Netflix, le jury vénitien a décerné son Lion d’or à "Roma". Alfonso Cuaron, qui a conçu son film pour le grand écran, a souhaité qu’il soit projeté malgré tout dans quelques salles. De son côté, Netflix, qui devait sortir le film pour être autorisé à concourir aux Oscars, teste désormais de nouveaux modèles d’exploitation – en distribuant par exemple le dernier-né des frères Coen dans quelques salles.
Un film de cinéma qui ne sort pas au cinéma est un film qui n’existe pas, par manque de visibilité médiatique. Netflix en a pris la mesure.
La salle de l'Empire a été choisie pour son excellence technique, tant au niveau de l’image que du son. L'exploitant a fait venir ses techniciens de Bâle et de Lyon pour envoyer les mesures de colorimétrie et de luminosité à la plate-forme, qui s’inquiète de la qualité de la projection.
Le secret des chiffres
Et si Netflix a préféré travailler avec des salles indépendantes plutôt qu’avec de grands groupes transnationaux, c’est pour garantir le secret des chiffres. Le cinéma a signé avec la plate-forme une clause de confidentialité. "Netflix ne communique rien du nombre de clics sur son offre en ligne. Il en est de même pour les films en salle", précise Didier Zuchuat. Nous ne saurons donc rien du succès ou de l’insuccès de "Roma".
Raphaele Bouchet/mcm