"Matrix", le cyber-thriller qui fait entrer le cinéma dans le 21e siècle
Grand Format
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Collection ChristopheL/AFP
Introduction
Sorti en 1999, "Matrix" est un ovni cinématographique, recopié et parodié des centaines de fois. Il a marqué les esprits avec ses effets spéciaux, sa violence et sa philosophie empreinte de références bibliques et mythologiques. Le film est à voir à la Cinémathèque de Lausanne, dimanche 8 décembre 2024.
Chapitre 1
Des héros d'un genre nouveau
"Matrix" d'Andy et Larry Wachowski est avant tout un film d’action et c’est sans doute dans ce registre qu’il se singularise le plus.
Avec des scènes de combats parfaitement chorégraphiées, il mêle les arts martiaux, des techniques de filmage ultra sophistiquées et des effets spéciaux encore peu vus au cinéma.
"Matrix" fait l’effet d’une bombe à sa sortie en 1999. En quelques semaines, il rapporte 160 millions de dollars aux Etats-Unis. Le public adore la science-fiction en mode cinéma hongkongais, la critique déteste. Le film alimente également la polémique autour de la violence et d’une fusillade dans le lycée américain de Columbine.
En 2003, les deux autres volets de la trilogie "Matrix Reloaded" et "Matrix: Revolutions" terminent le cycle et ancrent "Matrix" dans le siècle faisant de Néo, Morpheus et Trinity des héros d'un genre nouveau.
Chapitre 2
La Matrice est universelle
Collection ChristopheL/AFP
Thomas Anderson, un jeune informaticien falot, s’ennuie le jour dans un service administratif. La nuit, il renaît sous le nom de Néo. Rivé à son ordinateur, il invente ses propres programmes et infiltre des circuits officiels, y déposant même à l’occasion des virus.
Une nuit, il reçoit un message crypté d’un certain Morpheus: Néo serait l’Elu qui permettrait aux humains de se libérer du joug de la Matrice. Thomas-Néo hésite un peu et finalement se lance. Morpheus lui propose alors deux pilules, une rouge et une bleue. L’une l’endormira dans ses croyances, l’autre lui ouvrira la connaissance du vrai monde. Néo choisit la connaissance.
Il apprend alors que les humains ont été transformés en piles, seule source d’énergie des machines qui ont pris le contrôle de la terre et qui sont devenues indépendantes de leurs créateurs. L’intelligence artificielle a supplanté l’intelligence humaine et n’a plus besoin des hommes que pour lui fournir une sorte de bioélectricité.
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Pour pouvoir survivre, les machines se sont assuré une production régulière d’humains, les cultivant et les maintenant en vie dans des générateurs.
Le problème est que les humains, plongés dans un état végétatif, ne fournissent pas assez d’énergie. Les machines ont donc créé la matrice, sorte d’univers virtuel où les humains sont projetés sous forme d’avatars et vivent une vie qui ressemble à celle que l’on connaît, avec ses hauts et ses bas.
Mais la matrice connaît différents bugs qui se manifestent sous forme de légendes diverses, de folklores et de mythologies. Parmi ces légendes, celle d’un Elu qui pourra jouer avec les codes des mondes virtuels et libérer les humains. Thomas Anderson, devenu Néo, plonge au cœur de la matrice, mais doit affronter les agents chargés de réparer les bugs du système et donc éliminer tous les humains libérés qui se cachent sous terre dans la ville de Sion.
"La Matrice est universelle. Elle est omniprésente", mais l’Elu est arrivé et la donne va changer.
C’est en 1994 dans les studios de la Warner à Hollywood que tout commence. Andy et Larry Wachowski présentent le script de plusieurs films aux producteurs. Le président de la production de l'époque, Lorenzo di Bonaventura, les lit et en achète les droits. Sur la couverture des scénarii, "Bound" et "Matrix". Mais si "Bound" est terminé, le scénario de "Matrix" souffre encore de quelques lacunes et surtout de cohésion.
Portés par les studios, les deux frères se lancent dans leur première réalisation. Film explosif, "Bound" est un thriller sulfureux avec deux héroïnes lesbiennes aux prises avec la mafia. Le film marche plutôt bien et surtout, leur permet de relancer le projet de leur vie, quelque chose qui leur tient particulièrement à cœur: "Matrix".
Un film qui va se fonder sur les lieux communs de la science-fiction, quelque chose qui va interroger au plus profond des convictions et des mythologies personnelles des deux frères.
Nous faisons référence à la mythologie antique, à la philosophie bouddhiste, à la physique quantique et à la Bible. Notre ambition était de tout réinventer dans un contexte moderne.
Entre 1995 et 1998, les producteurs renvoient les deux frères avec leur copie de "Matrix". Trop d’action, trop de blabla, trop d’effets spéciaux. Mais c’est au final ce qui fera son charme, la juxtaposition maladroite, pour un tel budget, de scènes de genre: parlote, combats d’action, un zeste de sentiments et un brin de nostalgie.
Les références
Dans leur script, les Wachowski mettent tout ce qu’ils aiment: bandes dessinées, cinéma de Hong Kong, jeux vidéo, philosophie et religion.
Pêle-mêle on y trouve des références à Philip K. Dick auteur de romans de science-fiction, des films comme "Tron", ou "ExistenZ", "Blade Runner", "1984", "Terminator", ou encore des films de John Woo, et des animés comme "Akira" et "Ghost in the Shell".
Des références marquées également par l’allégorie de la caverne de Platon, où des hommes sont enchaînés et immobilisés dans une demeure souterraine, ne voyant que leur ombre. Une image des difficultés de l’homme à acquérir la connaissance.
Une des références les plus marquantes est celle d’"Alice au Pays des Merveilles", l’évocation du terrier, du miroir, du lapin blanc. On creuse aussi du côté de Descartes, de Spinoza, de Nietzsche.
Mais la part la plus importante est celle laissée à l’aspect numérique et à la culture technologique, comme à une certaine théorie du complot.
Toutes ces références, les Wachowski vont les mixer et sortir de leur matrice personnelle un film de science-fiction à visée d’épopée, avec des images à couper le souffle.
Nouvelles technologies, prises de vues en super ralenti, scènes de kung-fu chorégraphiées par le maître en la matière, Yuen Woo-Ping, relèvent au plus haut les scènes d’action d’un film à gros budget hollywoodien.
Bon exemple de cinéma cyberpunk, "Matrix" décline une vision pessimiste de la technologie à travers le thème de l’intelligence artificielle qui prend le pouvoir sur ses créateurs puis les asservit. Ces élucubrations philosophico-cybernétiques du scénario finissent par effrayer les producteurs en puissance à l’exception d’un seul, Joel Silver, spécialisé dans le film d’action. A son tableau de chasse: "Piège de cristal" et "L’Arme fatale".
Il va convaincre les studios Warner de produire le premier volet de "Matrix". Et comme le projet est dès le départ prévu comme une trilogie, ils acceptent d'envisager de produire deux suites pour la vidéo en cas de succès.
A Warner Bros, les Wachowski réclament un budget de 80 millions de dollars. Ils n'en obtiennent que 10.
Les frères acceptent l'argent et emploient l'intégralité de la somme à réaliser les dix premières minutes du film. Séduit par cette scène d'ouverture avec Trinity, Warner Bros leur accorde les 80 millions qu'ils demandent. Nous sommes en 1998, le tournage peut commencer.
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Chapitre 4
Les frères Wachowski
Reuters - Ansa Ansa
Larry, Laurence de son nom entier, naît en 1965, suivi deux ans plus tard par Andy.
Leur père, Ron Wachowski, d’origine polonaise est un homme d’affaires. Leur mère, Lynne, est infirmière et peintre hardcore. De leurs parents, les deux frères vont tirer leurs croyances. Ron est un athée convaincu et Lynne, une catholique passée à la moulinette du chamanisme, amoureuse des épopées indiennes et des livres sacrés de l’hindouisme. La famille compte encore une sœur aînée. C’est une famille tranquille.
Chez les Wachowski, on va souvent au cinéma. Larry a 10 ans et Andy 7, quand ils découvrent "2001, l'Odyssée de l'espace" de Stanley Kubrick. L'univers mental du petit Larry connaît un big bang quand son père lui explique que le monolithe noir du film est un "symbole". "Soudain, il y a eu un déclic en moi. Depuis, je n'ai plus jamais été la même personne", confiera-t-il plus tard au "New Yorker".
Mais les frères ne font pas qu’aller au cinéma. Dévoreurs de BDs, de Tolkien, de mangas et de comics-books ce sont surtout des rêveurs. Et à force de voir des films, il leur prend l’envie, le rêve fou d’en réaliser un jour un. Leur première oeuvre commune, enregistrée sur une cassette VHS, est la lecture d'une pièce inspirée par le comics "The Shadow".
Le temps passe. Les ados deviennent de jeunes adultes. Ils fondent ensemble une entreprise de charpenterie, mais sont toujours portés par leurs rêves.
Au début des années 1990, Larry démarche à New York des éditeurs de bandes dessinées. Il est engagé, avec son frère, par Marvel Comics pour écrire les scénarios de la série "Ectokid". Et c’est à cette période qu’ils font leur premier véritable scénario pour le cinéma, "Carnivore". Une histoire de série B, où dans une sorte de "resto du cœur cannibale", on nourrit les pauvres avec des morceaux et des abattis de riches. Le film ne sera jamais tourné. Heureusement peut-être.
Par contre, leur scénario suivant est acheté par Dino de Laurentiis qui le vend à la Warner. Ce sera "Assassins". Réalisé par Richard Donner ("L'Arme fatale"), le film met en scène Sylvester Stallone, Antonio Banderas et Julianne Moore. Il sort en 1995, mais nettoyé selon Larry, de son "sous-texte". Les Wachowski tentent alors de faire supprimer leurs noms du générique. Sans succès. Suit alors "Bound", mais surtout "Matrix".
En 1994, les Wachowski achèvent la première version du script de leur trilogie mystique. Un film virtuel et symbolique dans lequel ils vont mettre leur âme.
Par miracle presque, ces deux réalisateurs quasi inconnus et classés underground dégottent des millions de dollars pour mettre en image leur délire. Ils imaginent le story-board le plus bluffant et le plus créatif qu’on ait vu depuis longtemps. Une fantaisie futuriste et métaphysique qui puise son inspiration dans la Bible, la philosophie, la mythologie, "Alice au pays des merveilles" et du kung-fu.
Deux frères qui sont à présent devenus deux sœurs, Lana et Lilly. Et cela influence le regard que nous portons sur leur œuvre, car, comme le remarquent malicieusement certains critiques, substituez le mot "genre" au mot "Matrix" et vous aurez quelque chose de très symbolique.
De même que le terme androgynie est celui qui apparaît le plus au moment de décrire le personnage de Néo et celui de Trinity. Un homme et une femme qui se ressemblent physiquement. Et comme l’a dit un jour Larry: " 'Matrix', ce sont deux rôles féminins".
Après 2003, Larry divorce et apparaît désormais comme la réalisatrice Lana Wachowski. Son frère Andy annonce lui en mars 2016 publiquement sa propre transition vers Lilly. Ils sont à présent deux sœurs, deux réalisatrices américaines.
Parmi les acteurs castés: Laurence Fishburne pour jouer Morpheus, Carrie-Ann Moss pour Trinity, et Hugo Weaving pour l’Agent Smith.
Mais le vrai phénix qui renaît de ses cendres ici, c’est l’acteur Keanu Reeves de retour d’une traversée du désert.
Keanu Reeves est Néo. "Nous avons choisi Keanu Reeves car il a su apprécier le scénario, il rebondissait sur nos idées. Alors que nous avions rencontré d’autres acteurs qui n’arrivaient pas à en saisir le concept complexe. En plus, c’est un acteur assez physique. Evidemment, avoue Larry, nous lui avions dit qu’il devrait assurer la plupart des scènes de kung-fu et ses cascades."
Ce que Keanu Reeves fait en vrai pro des arts martiaux. Il suit quatre mois d’entraînement intensifs sous la direction du chorégraphe et réalisateur hongkongais Yuen Woo-Ping. "Matrix" change la carrière de l'acteur.
J’étais stimulé par le scénario de "Matrix" par les questions qu’il soulève, sur la vérité, le destin… Ce que j’aime dans le film ce sont les questions incessantes que je me pose et que tout le monde se pose.
Chapitre 6
Tournage et effets spéciaux
AFP - Groucho II Film Partnership / Silver Pictures
Une fois le casting effectué, il faut commencer le tournage, monter des décors, composer une musique, créer des costumes. Kym Barrett crée pour le film des costumes un peu hippies, et très cléricaux, ainsi que des habits moulants en latex, des longs manteaux noirs que Néo, Morpheus et Trinity portent quand ils sont dans la matrice et pas dans la réalité.
Quant aux lunettes noires, élément récurrent du film, c’est un clin d’œil à la tradition cyberpunk. Chaque personnage a son propre design de lunettes, comme il a son propre mouvement de kung-fu défini par Yuen Woo-Ping. Les lunettes sont un code. Elles ne sont portées qu’au centre de la matrice et permettent de se distinguer des gens qui ne savent pas.
Le tournage se déroule en grande partie en Australie pour réduire les coûts. Certains décors du film "Dark City" d’Alex Proyas, sont même réutilisés pour "Matrix", notamment des toits d'immeubles. Certains plans extérieurs sont tournés à Nashville dans le Tennessee et à San Francisco en Californie. Le tournage va durer 118 jours, avec une moyenne de 1 minute et 8 secondes de film tourné par jour.
L'impact des jeux vidéo
En 1998, pour la première fois, un jeu vidéo, "La légende de Zelda, Ocarina of Time" explose tous les compteurs et génère plus de profits que n'importe quel film sur la même période. C’est un événement sans précédent, inattendu qui remet tout en cause.
Hollywood prend la mesure du défi et comme elle l’a toujours fait lorsque sa suprématie est menacée, l’industrie hollywoodienne assimile la technologie en question et ses codes.
"Matrix" est la réponse du cinéma au défi des jeux vidéo.
Les Wachowski appliquent aux personnages humains des procédés jusque-là réservés aux dessins animés et aux jeux vidéo qui leur permettent d’ajuster à leur guise les mouvements des scènes récurrentes de combats.
Pour rendre tout cela à l’écran, les réalisateurs utilisent des techniques éprouvées dans le cinéma d’action hongkongais.
Les acteurs font leurs cascades suspendus à des filins qui seront ensuite enlevés numériquement. On a l’impression qu’ils volent quand ils combattent. Ajoutez à cela la fameuse teinte verte des anciens moniteurs informatiques, ainsi qu’une révolution technologique et vous avez un effet immersif jeu vidéo carrément explicite.
La technique du "bullet time"
"Matrix" est un film qui utilise et popularise une technique particulière: le "bullet time", connu également sous le nom de "temps mort" ou de "Slice Time" (temps découpé).
C’est le fameux effet d’arrêt sur image, où le sujet principal semble figé, mais où la caméra continue de tourner tout autour, captant les mouvements les plus infimes, comme celle d’une balle de revolver.
Une technique spectaculaire qui offre la possibilité de se déplacer autour d’un sujet figé grâce à des appareils photographiques. Pour "Matrix", John Gaeta, superviseur des effets visuels, va créer un dispositif de tournage en cercle constitué d’une batterie de 124 appareils photo.
Au centre de l’appareillage, dans un studio entièrement peint en bleu, se trouve l’acteur. Les appareils photo sont déclenchés les uns après les autres avec un intervalle d'un trentième de seconde. Plus l'intervalle est réduit, plus l'action est ralentie. Grâce à ce dispositif, Gaeta peut aussi "figer le temps" en déclenchant tous les appareils au même moment. Il dispose alors d'une vue figée à 360° des acteurs suspendus dans l'espace.
Récompensés par un Oscar, les combats en hyper ralenti créés par John Gaeta ont tellement marqué les esprits qu'ils ont été réutilisés un nombre incalculable de fois, dans des films, des publicités et des clips vidéo. Le "bullet time" est presque devenu dans le langage courant, "l’effet Matrix".
Chapitre 7
Sortie du film et polémique
AFP - The Picture Desk/Kobal
En producteur avisé, Joel Silver n’a qu’une crainte: que la sortie de "La Menace Fantôme" de George Lucas ne fasse de l’ombre à "Matrix". La solution est donc d’avancer la date du film qui sort le 31 mars 1999 aux Etats-Unis. Précédé d’une réputation explosive, le film casse la baraque.
Mais le 20 avril 1999, alors que "Matrix" caracole en tête de tous les classements, deux élèves du lycée de Columbine dans le Colorado s’affublent d’imperméables noirs, de longs trench coats identiques à ceux portés par tous les héros de "Matrix" et vont tuer quatorze garçons et filles, ainsi qu’un professeur avant de se suicider. La polémique va enfler autour de ce fait divers tragique.
Un film peut-il inciter au meurtre? C’est ce dont sont convaincus les détracteurs américains de "Matrix", ce cyber-thriller brutal où les hommes tombent comme des mouches sous le feu nourri d’un ange exterminateur. Certains critiques soulignent la violence sans conséquence du film. "'Matrix' impose la vision que la souffrance est un jeu, la mort un bug", lit-on.
Le New York Time rapporte même cette anecdote: dans certains cinémas, les similitudes entre "Matrix" et la tragédie de Columbine paraissent si frappantes que le public crie "Columbine" lors de certaines scènes d’action particulièrement nourries en mitraillage.
Interrogés sur l’influence de leur film, les Wachowski s’énervent: "Cette question provoque la violence aussi", répond le réalisateur. "Je trouve que ces arguments sont écoeurants. Aux Etats-Unis, il y a chaque année 2000 morts tués par des armes à feu. Dans les autres pays, le nombre est infime. Et pourtant, nous voyons les mêmes films. Pourquoi ces tueries alors? Parce que chez nous, il n’y a pas de contrôle des armes".
Le temps passe et aujourd’hui, plus personne ne relie "Matrix" au massacre de Columbine.
"Matrix", auréolé de son succès américain et de sa légende mortifère, sort en France le 23 juin 1999 accompagné d’un marketing impérial. Il est nominé aux Oscars de 2000 où il remporte ceux du meilleur montage, meilleurs effets visuels, meilleur montage son, et meilleur mixage sonore.
Les Wachowski pourront tourner les épisodes 2 et 3 avec un budget de 300 millions de dollars, alors que le premier en avait coûté 60. Commercialement, la saga rapportera plus de 1,5 milliard de dollars au box-office mondial.
Et les frères Wachowski deviendront les sœurs Wachowski. Comme quoi, la Matrice est capable de bien des transformations.