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"Green Book", le road movie interracial en route pour les Oscars

Sortie de "Green Book": un road movie dans la plus pure tradition américaine inspiré d'une histoire vraie.
Sortie de "Green Book": un road movie dans la plus pure tradition américaine inspiré d'une histoire vraie. / 19h30 / 2 min. / le 23 janvier 2019
Un pianiste noir virtuose et son chauffeur italo-américain traversent l'Amérique ségrégationniste des années 1960. Inspiré d'une histoire vraie et portée par deux acteurs exceptionnels, la comédie "Green Book" sort le 23 janvier.

"Green Book" de Peter Farrelly est basé sur une histoire vraie: l'amitié improbable entre le pianiste virtuose et polyglotte d'origine jamaïcaine Donald Shirley et son chauffeur, également garde du corps, l'Italo-Américain Tony Lip qui, des années plus tard, incarnera Carmine Lupertazzi dans la série "Les Soprano".

Les deux hommes se sont rencontrés en 1962. Leur amitié naît au cours de la tournée qu'engage Donald Shirley dans le sud des Etats-Unis, un sud encore régi par la ségrégation raciale. Pour les accompagner dans leur périple, il leur faut impérativement "Le green book" - titre complet: "The Negro Motorist Green Book" - le guide qui indique les établissements acceptant les gens de couleur.

De cette amitié née dans l'adversité, Peter Farrelly et son scénariste Nick Vallelonga (le fils aîné de Tony Lip) ont tiré une comédie populaire et très réussie basée sur le "buddy movie", le duo aux antipodes. A cette petite différence que les stéréotypes sont inversés, et que le scénario en joue avec un plaisir manifeste.

Donald Shirley, le génie de la musique, est très raffiné; il a étudié le piano classique à Leningrad, parle huit langues et possède un diplôme en psychologie et en arts liturgiques. Il a le snobisme chevillé au corps et un certain mépris de classe. Le second, Tony Lip, ainsi surnommé en raison de sa tchatche, jure comme un charretier, écrit, mange et s'exprime mal, mais a le sens de la vie, de l'amitié et de la famille.

Le réalisateur Peter Farrelly n'hésite pas à forcer le trait de leurs différences pour mieux les transcender par la suite. Le principe est connu, souvent employé de manière paresseuse dans les récits d'initiation. Sauf que le réalisateur réussit à surprendre là où on ne l'attendait pas. C'est que Peter Farrelly, d'ordinaire affublé de son frère Bobby, avec lequel il a tourné "Mary à tout prix", a le sens du rythme, et la comédie dans le sang. C'est cette énergie, cette vitesse, ce goût de l'outrance propre au genre qui sauve le film de ce qu'il aurait pu être: un édifiant plaidoyer contre le racisme.

"C’est un film qui parle à toutes les générations, qui touche un public jeune mais aussi un public plus âgé", raconte dans le 19h30 Karl Spoerri, directeur artistique du Zurich Film Festival. "C’est un film léger, mais avec une mission plus profonde. C’est aussi l'histoire de l’Amérique noire, du passé sombre de ce pays."

Le film arrive justement au bon moment car la société américaine, et pas seulement américaine, est divisée. Le fossé est profond. Le racisme est loin d’être surmonté. C’est aussi cette réalité que raconte le film.

Karl Spoerri, directeur artistique du Zurich Film Festival

Deux excellents acteurs

Déjà auréolé de trois Golden Globe, le film n'a pas eu à souffrir de la récente polémique impliquant un tweet islamophobe, daté de 2015, du scénariste Nick Vallelonga. Le film vient d'être sélectionné dans la course aux Oscars.

Au crédit de cette comédie interraciale populaire, il faut encore ajouter les deux acteurs et leur savoureuse partition de clown blanc et d'auguste. Mahershala Ali est époustouflant dans le rôle de cet homme éduqué, élégantissime, mais résigné et Viggo Mortensen, qui a pris une dizaine de kilos, prend un plaisir manifeste à composer ce personnage épais, mais éminemment sympathique.

>> A voir, la critique du 12h45 consacrée au film :

Rendez-vous cinéma avec Pascaline Sordet (Cinébulletin) et Raphaële Bouchet (RTS-Radio).
Rendez-vous cinéma avec Pascaline Sordet (Cinébulletin) et Raphaële Bouchet (RTS-Radio). / 12h45 / 10 min. / le 23 janvier 2019

Marie-Claude Martin

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