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"La Favorite", le film qui part en tête dans la course aux Oscars

Le film "la favorite", s'annonce comme l'un des événements cinématographique de l'année. [AP]
"La favorite" s’annonce comme l’un des films événements de l’année / La Matinale / 1 min. / le 5 février 2019
Fresque somptueuse éclairée à la bougie, le film de Yórgos Lánthimos raconte comment, au début du XVIIIe siècle, deux courtisanes s'étripent pour les faveurs de la reine Anne d'Angleterre.

Dix nominations aux Oscars et déjà un Golden Globe pour l'actrice Olivia Colman, "La Favorite", film américano-irlando-britannique du Grec Yórgos Lánthimos, porte bien son nom. Avec "Roma" (dix nominations également), cette fresque éclairée à la lueur des bougies est très bien placée dans la course aux Oscars, dont la cérémonie aura lieu le 24 février.

L'action se déroule au début du XVIIIe siècle, quand la France et l'Angleterre se font la guerre. Le film met en scène un trio amoureux exclusivement féminin: la reine Anne, la dernière de la lignée des Stuart, la duchesse de Marlborough qui dirige le pays à sa place, et Abigail Hill, une aristocrate déclassée qui entend retrouver sa place à la cour.

Ce trio lesbien est inspiré de la vie de la reine Anne, une femme influençable, à la santé fragile qui, malgré ses 17 grossesses, n'a laissé aucun héritier. Pour le réalisateur grec, c'était l'occasion d'explorer la solitude du pouvoir et de montrer que les intrigues politiques ont raison de la chose publique.

Les scènes sont filmées dans des décors somptueux, parfois avec un très grand angle qui accentue le sentiment de claustrophobie. "Je voulais créer un contraste entre les très grands espaces et le peu de gens qui les habitent. Le grand angle m'a permis d'augmenter ce sentiment en créant des espaces déformés" dit le réalisateur lors de sa conférence de presse au Festival de New York.

Magnifique interprétation

Pour incarner cette reine peu adéquate dans son rôle de monarque, Olivia Colman offre une interprétation mémorable, d'une grande finesse, aussi grotesque qu'émouvante. Il faut dire que l'actrice est familière des rôles à couronne. Elle a été la reine mère dans "Week-end royal" et Elizabeth II dans la saison 3 de "The Crown".

Les deux autres comédiennes, Rachel Weisz et Emma Stone, tout comme le réalisateur, sont également nominés pour la statuette.

Propos recueillis par Sophie Iselin

Adaptation web: Raphaële Bouchet/mcm

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Un exceptionnel trio d'actrices

Un cynique froid et brillant pour les uns. Un sous-Kubrick en toc pour les autres. Si le Grec Yórgos Lánthimos divise, "La Favorite" pourrait réconcilier amateurs et pourfendeurs.

Ceux qui s’agacent de sa virtuosité clinquante, faite de grands angles et de (contre-)plongées, goûteront au moins à son propos attendu mais nourri sur les jeux de pouvoir à la cour de la reine Anne de Grande-Bretagne, au début du XVIIIe siècle.

Les plus sévères se contenteront de louer l’exceptionnel trio d’actrices, Olivia Colman (la reine), et Rachel Weisz (la duchesse conseillère), Emma Stone (la cousine ambitieuse). Elles sont émouvantes, cruelles, toujours duplices. Lánthimos prend un malin plaisir à les traîner dans la boue, le sang et le vomi. Entre lapins en cage et homards à demi-morts, toutes cherchent un moyen de survie, tandis que, dans les hautes sphères du pouvoir, de minables rivalités décident des hausses d’impôts ou des guerres à venir. Chez Lánthimos, le pouvoir, c’est moche et très méchant.