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Rétrospective Louis Malle, réalisateur provocateur et inclassable

Au revoir les enfants, de Louis Malle. 1944, Julien est pensionnaire dans un collège catholique. Lorsque Jean arrive, les deux garçons se lient d'amitié. Mais la Gestapo arrête le Père Jean et les trois enfants juifs, dont Jean, qu'il avait cachés parmi ses petits catholiques.
Redécouvrez le cinéma de Louis Malle / Vertigo / 7 min. / le 1 mars 2019
Les cinémas du Grütli à Genève consacrent une rétrospective à Louis Malle, cinéaste éclectique et élégant, à qui l'on doit notamment "Ascenseur pour l'Echafaud" et "Au revoir les Enfants". A découvrir jusqu'au 7 mars.

Depuis sa mort en 1995, Louis Malle a été quelque peu oublié. Celui qui a accompagné l'essor de la Nouvelle Vague sans jamais avoir été reconnu par elle, aura pourtant marqué l'histoire du cinéma par l'éclectisme de ses sujets, sa double carrière française et américaine et sa propension à la provocation, à l'origine de plusieurs scandales.

Parmi eux, "Les Amants" (1958) qui raconte un adultère heureux et orgasmique; "Le Souffle au coeur" (1971), vaguement inspiré de "Ma Mère" de George Bataille, qui évoque l'amour incestueux entre un fils et sa mère ainsi que "Lacombe Lucien" (1974), portrait sans jugement moral d'un jeune Français qui s'est engagé, un peu par hasard, dans la collaboration. La polémique dont le film fait l'objet l'incite à s'expatrier aux Etats-Unis où il tournera sept films, dont "La Petite" et "Atlantic City".

Chance et précocité

Portrait du réalisateur français Louis Malle (1932-1995). [APF - Marisa Rastellini]
Portrait du réalisateur français Louis Malle (1932-1995). [APF - Marisa Rastellini]

Fils de la grande bourgeoisie française, à laquelle il réglera ses comptes, Louis Malle connaît une célébrité précoce.

Il a 23 ans quand il remporte la Palme d'or au festival de Cannes pour "Le Monde du silence", documentaire coréalisé avec Jacques-Yves Cousteau, et seulement 25 quand il tourne "Ascenseur pour l'Echafaud", un polar qui devient immédiatement un succès.

La présence torride de Jeanne Moreau, les scènes de déambulation dans la rue et la musique improvisée de Miles Davis le hisse même au rang de film culte.

  

C'est pourtant avec "Le Feu follet" et "Le Voleur", deux films de révolte, qu'il estime avoir trouvé son style. Mais lequel? Louis Malle se sacrifiait toujours à l'histoire qu'il voulait raconter, pensant chaque film, l'un après l'autre, sans se soucier d'y apposer sa griffe.

Son style, c'est celui qui s'oublie derrière le sujet, avec le risque d'être oubliable.

Edouard Waintrop, directeur des salles du Grütli, à Genève.

Est-ce la raison pour laquelle critique et public ne l'ont pas toujours suivi? "Le public a souvent été au rendez-vous. En revanche, la critique était en retard; elle appartenait à une chapelle qui était pour ou contre la Nouvelle Vague, et comme Louis Malle n'était ni l'un, ni l'autre, il est tombé dans une sorte de trou noir", poursuit Edouard Waintrop.

"Au revoir les enfants" multi-récompensé

Après son séjour américain, Louis Malle revient en France et reçoit un accueil très chaleureux avec "Au revoir les enfants", film en partie autobiographique, peut-être son plus personnel, qui raconte l'amitié entre un élève et un jeune juif. C'est Louis Malle, lui-même, qui dira le texte de fin de ce film récompensé du Lion d'Or à la Mostra de Venise, du prix Louis-Delluc et de sept César en 1987.

Propos recueillis par Rafael Wolf

Adapation web: Marie-Claude Martin

Rétrospective Louis Malle, Les cinémas du Grütli, Genève, jusqu'au 7 mars 2019

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