Un documentaire pour retracer l'opération Papyrus à Genève

Débutée en février 2017 dans le canton de Genève, l'opération Papyrus a pris fin le 31 décembre 2018. Ce projet vise à régulariser certains clandestins, assainir le marché du travail au noir et lutter contre la sous-enchère salariale. Deux ans plus tard, les responsables politiques (qui entre-temps ont changé) se félicitent des résultats dans un bilan intermédiaire. En lʹétat, 1846 personnes ont pu régulariser leur situation (sur 13'000 sans-papiers) et la prévision table sur un total de quelque 3500 personnes - en majorité issues du secteur de lʹéconomie domestique - lorsque tous les dossiers déposés avant le 31 décembre 2018 auront été traités.

Suivre les étapes et les acteurs

Pendant 18 mois, caméra au poing, le réalisateur Juan José Lozano et la journaliste Béatrice Guelpa ont suivi les étapes et les acteurs dʹun processus exceptionnel dont on ne sait pour lʹheure sʹil pourra servir de modèle pour la suite et pour dʹautres cantons. Leur documentaire est présenté lundi en première mondiale au Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève (FIFDH), avant dʹêtre diffusé sur la RTS dans le cadre de "Temps Présent", ce jeudi soir.

"Ce projet est très important pour Genève et la Suisse", explique Juan José Lozano. "Ces personnes vivent des situations indignes et c'est une initiative courageuse que celle des autorités genevoises de s'être associées au milieu associatif et aux syndicats pour faire aboutir le projet". Le réalisateur relève également que si l'opération Papyrus n'a duré que deux ans, elle a été précédée par quinze ans de discussions pour aboutir à un consensus.

>> Voir la bande-annonce du film "Opération Papyrus, pour en finir avec le travail au noir" :

Un permis oui mais...

"Une fois le permis B obtenu, les problèmes de la vie quotidienne ne sont pas réglés, au contraire", précise le réalisateur. Il devient en effet nécessaire de payer des impôts, avec des arriérés, ainsi que les primes d'assurance maladie, le courrier administratif prend aussi une place importante.

Beaucoup de sans-papiers ont hésité à déposer leur demande de régularisation, notamment les femmes travaillant dans l'économie domestique. "Elles portaient déjà passablement de poids sur leurs épaules et elles se sont dit: 'je gagne mes papiers mais je perds mon travail'", relève Juan José Lozano. Car pour régulariser sa situation, il faut annoncer auprès de qui on travaille et combien d'heures par semaine. "Ce dilemme a posé problème pour la prise de décision. Les employés n'avaient pas conscience qu'ils étaient exploités à ce point, avec des salaires beaucoup trop bas. Mais il faut tout de même préciser que certains employeurs se sont aussi annoncés pour se mettre en conformité et payer des arriérés de charges sociales", conclut le réalisateur.

Propos recueillis par Anik Schuin

Réalisation web: Melissa Härtel

Le film "Opération Papyrus" est à découvrir lundi 11 mars à 20h15 dans le cadre du FIFDH suivi d'un débat et jeudi 14 mars à l'enseigne de "Temps Présent".