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Lisa Azuelos: "Tout ce que je vis est à l’écran"

La réalisatrice française Lisa Azuelos le 17 janvier 2019 au Festival du film de comédie de L'Alpe d'Huez en France. [AFP - Jean-Philippe Ksiazek]
Cinéma: Lisa Azuelos raconte sa relation mère-fille / Vertigo / 7 min. / le 11 mars 2019
Après "LOL", "Une rencontre" et "Dalida", la cinéaste Lisa Azuelos sort "Mon bébé". L’histoire très autobiographique d’une mère, jouée par Sandrine Kiberlain, incapable d’accepter que sa fille parte étudier au Canada.

Héloïse avait beau s’y attendre, la nouvelle ébranle tout de même le petit monde qu’elle a construit avec ses trois enfants: Jade, sa cadette, s’apprête à partir étudier au Canada après son bac. Paniquée à l’idée d’être séparée de son "bébé", la maman se replonge dans ses souvenirs, revit la naissance de sa fille, retrace la relation fusionnelle qu’elle a tissée avec elle, et filme frénétiquement tout ce qu’elle peut avec son téléphone avant le départ tant redouté.

En janvier dernier, le Festival de la comédie de l’Alpe d’Huez décernait à "Mon bébé" son Grand Prix et le prix de la meilleure actrice amplement mérité à Sandrine Kiberlain. Une consécration pour cette comédie ponctuée d’émotions qui relie, par la grâce d’un montage savant, le passé et le présent dans un mouvement continu.

Un film autobiographique

La propre fille de Lisa Azuelos, Thaïs Alessandrin, interprète le rôle de Jade et cosigne le scénario de "Mon bébé". La réalisatrice estime que sa fille était la mieux placée pour savoir comment parlent et pensent les jeunes de 20 ans. "J’avais besoin de son aval. Besoin qu'elle me donne des idées de scènes, d’endroits, de dialogues, de décors. Je suis très proche de tous mes enfants et il n’y a aucun secret entre mon travail et ma vie", assure Lisa Azuelos. Elle ajoute qu'elle n'a aucun filtre et que tout ce qu'elle vit dans la vie se retrouve à l'écran, soulignant ainsi la dimension autobiographique de son oeuvre. 

Les hommes pleurent devant "Mon bébé"

Sur le tournage, Lisa Azuelos apparaissait autant comme réalisatrice que comme modèle pour Sandrine Kiberlain qui s’est directement inspirée d’elle pour interpréter son personnage.

Pendant le tournage, je faisais des câlins à ma fille, on rigolait, Sandrine nous voyait, et elle intégrait ça à son jeu. Tous les moments où Thaïs ne tournait pas, elle était ma fille. Mais dès que la caméra se mettait en marche, c'était Sandrine sa mère. En prenant ma fille pour le rôle, l'osmose devenait beaucoup plus simple.

Lisa Azuelos, réalisatrice de "Mon Bébé"

Lors des projections publiques de "Mon bébé", la cinéaste a constaté que les hommes pleuraient en regardant son film, et qu'ils se cachaient pour ne pas le montrer. "Il existe toujours une gentrification du public. Mais les choses évoluent. Les films qui font peur, c’est autant pour les filles que pour les garçons. En revanche, certaines niches perdurent. C’est la raison pour laquelle il y a autant de femmes réalisatrices en France de "films de filles". En vrai, les hommes adorent ce genre, même s’il y en a très peu qui osent avouer que "Love Actually" ou "Pretty Women", est leur film préféré."

Rafael Wolf/aq

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