Pour cette édition anniversaire, la présidente du Conseil d'Etat vaudois Nuria Gorrite, le syndic de Nyon Daniel Rossellat ou encore le président exécutif du festival Claude Ruey étaient de la partie à la soirée d'ouverture. Ils ont loué le "cinéma de qualité" et la "liberté d'expression".
Projeté vendredi dans le cadre de l'ouverture officielle de Visions du réel, "Gods of Molenbeek" de la Finlandaise Reetta Huhtanen conte une histoire d'amitié entre enfants, avec la tension des attentats de Paris et de Bruxelles en toile de fond. Molenbeek est un quartier de la capitale belge où ont séjourné plusieurs terroristes. Le film est montré en première suisse.
Quinze oeuvres concourent dans la catégorie "longs métrages". Les projections emmènent le public dans une ville antique de Turquie menacée par la construction d'un barrage, au sein d'une communauté du nord du Laos qui vit et meurt de la culture de l'opium ou encore auprès des Aborigènes d'Australie se battant pour leur culture.
Le Prix Maître du Réel sera remis à Werner Herzog, présent pendant trois jours au festival. L'hommage au réalisateur allemand comprend 14 films, dont plusieurs seront présentés par Herzog lui-même.
"J'veux du soleil!", un film prenant et nécessaire
Parmi les documentaires projetés à Nyon, on trouve également samedi "J'veux du soleil!" de François Ruffin et Gilles Perret, un road-movie à la rencontre des gilets jaunes. Ce film est d'une simplicité radicale et d'une impartialité non moins claire: c'est la marque Ruffin.
Après son film "Merci Patron!", César du meilleur documentaire en 2017, François Ruffin a décidé de faire découvrir tous les ronds-points de France à sa Citroën. Ce journaliste très critique envers les médias veut ainsi se forger sa propre idée sur les gilets jaunes ou plutôt les vies qui se cachent derrière la brassière. Il les rencontre et surtout les écoute au bord des routes, il va chez certains d'entre eux pour comprendre comment ils vivent ou survivent.
Malgré sa partialité, notamment dans le montage qui alterne les confidences sincères de ces Français délaissés par le système avec des images du président français qui, par contraste, est terrifiant de raideur et de manque de naturel, ce film est prenant et nécessaire: il revient aux sources du problème. Il prend le temps d'écouter ces histoires individuelles faites d'efforts, de sacrifices, mais aussi de gaieté, de chansons et d'espoir réaliste. Il comble un vide politique, médiatique, aussi. Pour autant, la force de ce film ne frappe pas tant au détriment des médias qu'au bénéfice de la forme du documentaire qui tient là pleinement son rôle.
Anne-Laure Gannac/mh avec ats