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"J'veux du soleil", premier film de cinéma sur les gilets jaunes

François Ruffin et Gilles Perret, réalisateurs du documentaire "J'veux du soleil".
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"Jʹveux du soleil", de François Ruffin et Gilles Perret, un autre portrait des gilets jaunes / Nectar / 29 min. / le 30 avril 2019
"Jʹveux du soleil", le nouveau film de François Ruffin ("Merci patron!"), co-réalisé avec Gilles Perret, sort en Suisse. Tourné en six jours, ce road-movie documentaire part à la rencontre des "gilets jaunes" chez eux et sur les ronds-points.

Il a filmé les vétérans de la Résistance; raconté l’histoire de la sécurité sociale et suivi, caméra au poing, la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon. Aujourd'hui, c'est aux gilets jaunes que Gilles Perret s'intéresse avec "J'veux du soleil", co-réalisé avec le journaliste, cinéaste ("Merci patron!) et député, François Ruffin.

Pour le tandem, il y avait urgence à produire un autre discours que celui des médias dominants évoquant "la négation de la France", le "viol de la démocratie", en accusant le mouvement de "violence, de racisme, d'homophobie et d'antisémitisme". Et surtout des chaînes de télévision qui ne parlaient que de Paris, Paris, Paris. Or, Gilles Perret et François Ruffin n'habitent pas la capitale. Ils sont donc partis d'Amiens jusqu'à Montpellier, dans cette France de la périphérie souvent oubliée, pour voir ce qui se passait sur les ronds-points. Ils y ont découvert solidarité et dignité.

Un road-movie de six jours

Portrait de la France qui souffre mais refuse de courber l’échine, le film prend la forme d'un road-movie, avec haltes chez l'habitant parfois. Les témoignages, très différents, poignants souvent, drôles aussi, font la force de ce documentaire qui, loin d'être un catalogue des misères, donne de la force, notamment par son humour. "Le rire soulage le spectateur et rend combatif" dit Gilles Perret qui précise:

L'idée n'était pas de réaliser une synthèse du mouvement, à diffuser un an plus tard, comme un témoignage a posteriori, mais de tourner dans le mouvement, sur le mouvement, et au service du mouvement. Il y avait urgence.

Gilles Perret, cameraman et co-réalisateur de "J'veux du soleil"

Ni François Ruffin, ni Gilles Perret n'imaginaient alors que le mouvement s'installerait dans une telle durée. Sorti il y un mois et demi dans les salles en France, "J'veux du soleil" est ainsi devenu une pièce du dispositif dans le marathon engagé par les gilets jaunes. D'ailleurs, samedi 4 mai, pour son 25e acte, le film sera projeté sur les ronds-points, en version courte.

Un duo complémentaire

Tourné en six jours, sans repérage, ni casting, le film s'est écrit en grande partie lors du montage, grâce à Cécile Dubois, et dans une entente parfaite entre les deux réalisateurs, copains depuis quinze ans et complémentaires: Ruffin, le fonceur, l'audacieux, le rigolo et Perret, le discret qui prend le temps et arrondit les angles.

Ce que les deux hommes devaient surtout gagner sur le terrain, c'est la confiance des gilets jaunes, devenus méfiants à l'égard des médias. Avec leur vieille voiture et leur disponibilité, leur manière d'être à l'aise et d'improviser en fonction des événements, ils ont vite réussi à convaincre de leur bonne foi. 

Les gens connaissaient un peu Ruffin et se souvenaient, notamment, de son discours à la tribune sur les femmes de ménage. Ils se sont rendu compte que notre désir était avant tout de les écouter. Ils avaient un tel besoin de reconnaissance. Ils nous ont ouvert leur coeur.

Gilles Perret, co-réalisateur de "J'veux du soleil"

Le méchant Macron invisible

Hitchcock disait que pour qu'un film soit bon, il fallait que le méchant le soit aussi. Ici, le méchant est invisible, hors champ, c’est Macron, le pouvoir en place. "Pour éviter la caricature, on s'est posé la question du dosage. Finalement, on n'a pris qu'un extrait du discours de Macron, discours prononcé en décembre. Ce personnage qui sent la comm' politique, qui a le regard vide, qui ne comprend rien et joue la compassion apparaît ridicule et faux par rapport aux témoignages de Cindy, Marie ou Loïc. Dans la salle, les gens rient du contraste", précise Gilles Perret qui ne pense pas qu'il y aura un "J'veux du soleil numéro 2" même si le mouvement se poursuit. "Avec la répression policière, l'intimidation constante, les menaces sur leur emploi, les gilets jaunes ont la trouille".

Propos recueillis par Raphaële Bouchet

Adaptation web: Marie-Claude Martin

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