Publié

"Nous finirons ensemble", la table des bobos mal en point

François Cluzet et Benoît Maginel dans "Nous finirons ensemble". [Les Productions du Trésor - Artémis Productions - Trésor Films - Canéo Films - Europacorp - M6 Films]
François Cluzet et Benoît Maginel dans "Nous finirons ensemble". - [Les Productions du Trésor - Artémis Productions - Trésor Films - Canéo Films - Europacorp - M6 Films]
Dans le beau paysage du Cap Ferret, le réalisateur Guillaume Canet remet en scène la bande de potes des "Petits Mouchoirs". Était-ce bien nécessaire?

François Cluzet, le retour. Toujours aussi rêche, toujours aussi bougon. Pauvre François Cluzet. Enfin, pas lui, son personnage. Max. Il a 60 ans, il est ruiné, il est déprimé. Il n’a pas du tout, mais alors pas du tout envie que ses potes fêtent son anniversaire avec lui dans sa résidence secondaire du Cap Ferret.

Mais ses potes viennent quand même et ils sont tous là: Marion Cotillard, Gilles Lellouche, Benoît Magimel, Laurent Lafitte, etc. Trois ans qu’ils ne se sont vus. Les rancœurs ressurgissent, les petites piques assassinent les uns puis les autres, qui se consolent dans l’alcool et/ou les bras du voisin.

Neuf ans après ses très sirupeux "Petits Mouchoirs" (et voilà que les 5,5 millions de spectateurs du film se mettent à pester sur le prétendu gouffre entre goût du public et snobisme de la critique). Bref, neuf ans après ses très sirupeux "Petits Mouchoirs", l’acteur et réalisateur Guillaume Canet offre donc une suite aux aventures de ses bobos malheureux en vacances.

Force est d’admettre que son cinéma a gagné en maturité. Quand il n’essaie pas de filmer l’océan comme dans un clip, quand il n’abuse ni de musique ni de ralentis, on lui concède un certain brio dans l’étirement des scènes, une aisance à mettre en forme le malaise, avec davantage de puissance et, osons le terme, de sécheresse.

Drôle quand il est boursouflé

Quand il se lâche complètement (comme dans "Rock n'Roll", son meilleur film) et qu’il fait un détour du côté de la boursouflure – à l'image du visage tuméfié de Laurent Lafitte, victime de piqûres de chenilles urticantes –, le film devient vraiment drôle et méchant.

Mais, choralité oblige, tout le monde n’est pas à la même enseigne. Certains ont le beau rôle (Gilles Lellouche) d’autres sont hyper chargés (Marion Cotillard) ou définitivement condamnés (la pauvre nounou, insultée de bout en bout). Surtout, cet entre-soi fait de beuveries en milieu protégé produit un étrange sentiment d’exclusion, puis d’indifférence. Un film par et pour des potes, qui n’ont pas vraiment besoin de nous.

Raphaële Bouchet/mcm

Publié