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Loin des clichés, "Les Misérables" est un vrai film de banlieue immersif

Le réalisateur Ladj Ly (au centre) pose avec son équipe lors de la présentation de son film "Les Misérables" à la 72e édition du Festival de Cannes. [AFP - Alberto Pizzoli]
Loin des clichés, "Les Misérables" est un vrai film de banlieue immersif / Le Journal horaire / 1 min. / le 16 mai 2019
Présenté en compétition officielle, "Les Misérables", réalisé par Ladj Ly, un Français d'origine malienne, a tout du futur film culte. C'est un choc, une claque, un vrai film de banlieue immersif.

"Les Misérables", du Français d'origine malienne, Ladj Ly, est un choc, une claque. Ce n'est pas un chef-d'oeuvre parfait, bien sûr. On peut regretter des moments trop artificiels, trop didactiques, mais c'est un film totalement immersif, extrêmement juste, sous tension permanente; un film qui jamais ne juge ni ne condamne ses personnages, parce qu'il les capte tous dans l'énergie de la survie. Des personnages qui sont tous, dans le fond, des Misérables, Gavroche et Cosette comme ceux de Victor Hugo.

Sa banlieue est devenue son plateau de tournage

Ladj Ly, déjà remarqué au sein du collectif Kourtrajmé, n'est pas un inconnu. Il a été doublement nommé aux César pour son documentaire "A Voix haute", ainsi que pour son court-métrage, "Les Misérables", qu'il a retravaillé et dont il livre ici une version longue. L'homme de 39 ans qui vient de lancer une école de cinéma ouverte à tous, a grandi à Clichy-Montfermeil, en Seine-Saint-Denis. Il filme sa banlieue depuis plus de dix ans; elle est devenue son plateau de tournage.

"Les Misérables" raconte l'histoire de trois policiers, un Noir et deux Blancs, dont l'un, arrivé de Cherbourg, vient juste d'être muté. Le premier jour, ses coéquipiers lui font faire le tour du propriétaire. Jusqu'ici tout va bien. Mais une bavure policière, filmée par un drone, va tout précipiter.

On pense à "La Haine", célèbre film de Mathieu Kassovitz, qui a donné à Ladj Ly l'envie de faire du cinéma. On pense surtout que "Les Misérables" est supérieur à bien des films de banlieue tournés par des cinéastes de l'extérieur – de Céline Sciamma à Jacques Audiard.

Tout est vrai et documenté

Chaque rebondissement, chaque événement des "Misérables" est inspiré de faits réels. Ladj Ly a filmé lui-même, puis dénoncé, une bavure policière dans son quartier dans les années 2000. Acteurs professionnels ou pas, Ladj Ly réussit à prendre le pouls de la banlieue en la débarrassant de ses clichés – religion, drogue, rap, etc. – avec un souffle et une énergie incroyables, tout en livrant une analyse implicite des maux qui la gangrènent.

Bien sûr, le film cite beaucoup "Les Misérables" de Victor Hugo et se conclut sur une citation célèbre: "Mes amis, retenez ceci, il n'y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n'y a que de mauvais cultivateurs." Espérons que le jury lui cultivera un beau prix.

Raphaële Bouchet/mcm

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