Avec "Sorry We Missed You" Ken Loach dresse le portrait d'une famille dans la dèche. Le réalisateur de gauche, qui revendique un cinéma politique, voire militant, depuis cinquante ans, signe un retour en petite forme.
Dès la scène d'ouverture, on a le sentiment qu'il nous refait "Moi, Daniel Blake", sa dernière Palme, mais sans l'intensité tragique. Son nouveau film raconte le quotidien très précaire d'un chauffeur-livreur, d'une infirmière à domicile et de leurs deux enfants.
Mise en scène pantouflarde
Il offre des séquences parfois très émouvantes, mais le scénario n'a de cesse d'accabler les personnages tandis que la mise en scène démonstrative et pantouflarde alourdit le discours, noble mais attendu, sur l'oppression des plus faibles. Loach déçoit d'autant plus qu'il est le premier cinéaste de cette sélection à ne pas surprendre, à être exactement là où on l'attend.
La relève est là
La Croisette lui préfère Mati Diop et son premier film, "Atlantique", présenté quelques heures auparavant. Cette Française de 37 ans tourne à Dakar une histoire d’amour hantée par la mer et ses fantômes. Après "Les Misérables" de Ladj Ly, c'est une autre révélation. Cette année, décidément, face aux nouveaux venus, les vieux routiers du cinéma n'ont qu'à bien se tenir.
Raphaële Bouchet/mp