Quentin Tarantino livre une ode au cinéma et enflamme la Croisette

Vingt-cinq ans après sa Palme d’or pour "Pulp Fiction", dix ans après la présentation en compétition de "Inglorious Basterds", Quentin Tarantino est de retour sur la Croisette avec "Once Upon A Time in Hollywood" qui réunit pour la première fois à l'écran Brad Pitt et Leonardo DiCaprio. Cette fresque, véritable ode au cinéma, a été accueillie dans une hystérie collective mardi soir, jour de sa projection. Il faut dire que le film était précédé de tous les superlatifs et que sa présence en compétition n'a été confirmée que peu avant le début du Festival. Ajoutez à ce suspense un cinéaste culte et deux des plus grandes stars mondiales, et vous pourrez imaginer l'ambiance de folie que le trio a déclenché sur les marches.

C'était aussi l'émeute du côté de la presse: deux séances seulement pour 4000 journalistes! Et cette supplique de Tarantino demandant que rien ne soit révélé de l'intrigue pour que le public en apprécie la primeur.

Ce n'est pas trahir que de dire que le film se déroule en 1969. Leonardo DiCaprio interprète un acteur de série télé sur le déclin. Il a la larme à l’œil et pense ne servir à rien. Brad Pitt joue sa doublure pour les cascades et son homme de main. Il roule les mécaniques et sait parler à son chien. Ils vivent à Los Angeles et leur voisine s’appelle Sharon Tate, épouse Polanski. On taira la suite....

Le titre, "Once Upon A time in Hollywood" (Il était une fois à Hollywood) évoque à la fois le western à la Sergio Leone et le conte, dont la fée serait le cinéma. Le film est un merveilleux hommage aux acteurs, qui sont la pâte à modeler de Tarantino, et que Tarantino prend plaisir à faire jouer dans tous les styles et tous les genres.

Un final extraordinaire

Le film pourtant peine à démarrer, trop imbu de ses références. Le cinéaste, grand cinéphile, enchaîne des séquences brillantissimes, parfois drôles, parfois poignantes, mais il échoue à leur donner du liant, et même à faire exister ses personnages. Si chaque plan hurle son amour du cinéma, sa mise en abyme est aussi une mise à distance. Pour que son plaisir de cinéphile devienne contagieux, il faut attendre que le film gagne en puissance et en mélancolie. La mise en scène alors impressionne par son panache et culmine dans un final extraordinaire, comme une révélation du pouvoir de la fiction. Ce film est un conte, une utopie, un rêve de cinéma. J’en ai trop dit? Pardon, Quentin.

Raphaële Bouchet/mcm