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"Rocketman", la vie d'Elton John en kaléidoscope

L'affiche du film "Rocketman". [DR]
L'affiche du film "Rocketman". - [DR]
Dans un biopic sincère et convaincant, le réalisateur Dexter Fletcher ouvre le livre d'images flamboyantes et multicolores d'une des plus grandes stars de la pop.

"Rocketman" commence fort: l'acteur Taron Egerton surgit en plein milieu d'un groupe de parole de thérapie collective, dans la peau d'un Elton John costumé en diable rouge et disco, coiffé de grandes cornes serties de strass et paillettes! Il déclare, direct: "Je suis un alcoolique. Je suis accro à la drogue. Je suis accro au sexe. Je suis accro au shopping. J'ai tout fait, tout goûté, connu tous les excès, toutes les addictions". Puis on plonge dans l'enfance de Reginald Dwight, un jeune garçon surdoué du piano, dont la mère aux moeurs légères et le père au coeur de pierre n'ont cure.

Un droit absolu à la subjectivité

L'enfance de Reginald, qui façonnera ce qu'il est appelé à devenir, est illustrée par de savoureux flash-backs et des numéros chantés et chorégraphiés façon comédie musicale, reprenant les grands tubes d'Elton John. Le répertoire de l'artiste a ici une valeur narrative essentielle. Quand il nous parle de sa mère, c'est sur les paroles de "The Bitch is Back". Quand il nous parle de son père, c'est sur celles d' "I want Love". Quand il nous parle de ses débuts comme musicien de bar, c'est sur l'énorme tube "Saturday Night's Alright for Fighting".

"Rocketman" a dans un sens toutes les qualités que "Bohemian Rhapsody", le biopic sur Freddie Mercury, n'avait pas. Outre le rôle narratif des chansons, qui n'étaient qu'illustratives dans le film sur Queen, il y a dans "Rocketman" une liberté de ton, de parole, une franchise, un droit absolu à la subjectivité, à la fantaisie, à l'onirisme, à l'emphase.

Droit absolu, et même nécessaire, dans les deux cas, dans la mesure où l'on raconte la folie, le génie, les excès et la fragilité d'icônes du rock et de la pop. Et en plus ils sont anglais.

Sexe, drogue et excès en tous genres

Le film de Dexter Fletcher, qui était d'ailleurs co-réalisateur (non-crédité) de "Bohemian Rhapsody", est donc d'une flamboyance assumée qui correspond bien à l'extravagance et au génie de son héros, aussi fragile que brillant, et dont le parcours est ici retracé avec une clairvoyance touchante.

Le biopic est produit par Elton John lui-même, ce qui aurait pu laisser craindre une certaine aseptisation, mais il n'en est rien: ici, on est plus proche de la confession joyeuse et thérapeutique que de l'hagiographie élégiaque, et le film raconte sans langue de bois les succès, les excès en tous genres, les errances et la sexualité débridée de la star qui semble ne rien regretter.

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Taron Egerton épate dans ses numéros de transformiste kaléidoscopique, au gré des fantaisies vestimentaires de la star qu'il incarne avec grâce et sans mimétisme forcé, s'appropriant au passage avec talent les tubes du Sir dans de belles réinterprétations.

Et les paroles, signées de l'inséparable Bernie Taupin, viennent ainsi comme un écho dans cette vie racontée ici, comme dans les nôtres: on a tous une chanson d'Elton John à fredonner dans nos coeurs.

Thomas Lécuyer/aq

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