"Locarno a sans doute la programmation la plus radicale des grands festivals du film"
Trente ans après sa sortie, l'oeuvre culte du réalisateur Spike Lee Do the right thing a remué mardi le public en guise de préouverture du rendez-vous tessinois. Comme au moins la moitié des films présentés dans la rétrospective "Black light", le long-métrage a la griffe d'un Américain. Comme tous, il a été choisi parce qu'il explore communautés noires et imaginaires loin des clichés.
"La rétrospective est une manière de prendre part à une réflexion qui agite le monde", explique Lili Hinstin depuis la Piazza Grande. "Aux Etats-Unis, la question noire existe depuis longtemps, mais aussi au Brésil et dans certains pays européens. C'est notre mission de participer à la redéfinition des dogmes."
Hommage à la radicalité
La productrice et ancienne directrice artistique du festival international EntreVues Belfort défend d'ailleurs la place de Locarno à l'avant-garde cinématographique. "Locarno a sans doute la programmation la plus radicale des grands festivals du film internationaux. Il a justement bâti sa réputation sur cette radicalité et moi en tant que programmatrice à Belfort, je venais à Locarno chercher des films."
Pour assurer la mission de "tête chercheuse" du festival, il faut une tête bien remplie. D'un millier de films environ, selon les estimations d'une passionnée qui a arrêté de compter. "Personnellement, j'adore les films qui font rire", ajoute la Française. "Comme tout le monde, j'aime ressentir une émotion. Et ça peut être par différentes voies, qu'elles soient mélodramatiques, intellectuelles ou plus directes."
One upon a time...in Hollywood, ode méta-artistique au cinéma
Tout avec la volonté de dénicher des perles méconnues, voire inconnues, Hollywood n'est jamais loin, à Locarno. Les incontestés Brad Pitt, DiCaprio et Al Pacino incarnent aux côtés de Margot Robbie (qui interprète Sharon Tate) les rouages d'une industrie changeante dans le dernier et très attendu Quentin Tarantino. Les amateurs pourront découvrir l'oeuvre samedi en avant-première.
"Le distributeur Sony avait envie de lancer Once upon a time...in Hollywood en Suisse sur la Piazza Grande, donc ce n'était pas spécialement difficile de l'avoir", explique Lili Hinstin. "On s'est davantage battus pour d'autres films, mais on est contents car on a réussi à convaincre à peu près tous les distributeurs dont on voulait montrer les films."
Locarno film festival, du 7 au 17 août, www.locarnofestival.ch
Propos recueillis par Agathe Birden
Adaptation web: Alexia Nichele