"Jean-Pierre Mocky est mort chez lui cet après-midi à 15h", a indiqué son gendre. Le décès a ensuite été confirmé par son fils, le comédien et metteur en scène Stanislas Nordey, via un communiqué: "Jean-Pierre Mocky est parti tourner son prochain film avec Bourvil, Michel Serrault, Michel Simon, Fernandel, Jacqueline Maillant, Jeanne Moreau, Jean Poiret, Francis Blanche, Charles Aznavour et tant d'autres."
Jean-Pierre Mocky avait-il 86 ou 90 ans? La confusion a régné à l'annonce de sa mort. En fait, le réalisateur était né le 6 juillet 1933 à Nice de parents polonais, sous le nom de Jean-Paul Adam Mokiejewski. Quand la Deuxième Guerre mondiale a éclaté, en 1939, son père l'a envoyé en Algérie pour échapper aux persécutions contre les juifs, mais comme il était trop jeune pour prendre le bateau seul, son père a falsifié sa date de naissance, qui devient le 6 juillet 1929. Il a ensuite gardé cette date de naissance.
Anar connu pour ses coups de gueule
Cinéaste prolifique, acteur, scénariste et producteur - il a toujours voulu contrôler l'ensemble du processus de production d'un film -, Jean-Pierre Mocky a réalisé plusieurs dizaines de films et de téléfilms en soixante ans de carrière, dirigeant les plus grands acteurs du cinéma français, de Jeanne Moreau à Catherine Deneuve, en passant par Philippe Noiret.
Tout d'abord acteur, Jean-Pierre Mocky a dirigé son premier film en 1969, "Les Dragueurs" avec Charles Aznavour. Puis ce sont notamment "Un drôle de paroissien" avec Bourvil, "Y a-t-il un Français dans la salle?" avec Victor Lanoux et Jacques Dutronc, "A mort l'arbitre" avec Michel Serrault et Eddy Mitchell, "Le miraculé" avec Michel Serrault et Jean Poiret ou encore "Noire comme le souvenir" avec Jane Birkin et Sabine Azéma.
Jean-Pierre Mocky était aussi connu pour ses coups de gueule, notamment à la télévision. Il était considéré comme un "anar" du cinéma français, toujours sur la brèche, sempiternel râleur et, avant tout, libre.
"Je n'ai été d'aucune chapelle, d'aucun club et pas plus de telle ou telle vague", disait cet ennemi de la demi-mesure, qui a connu le succès et le déclin dans le milieu du cinéma. "La vérité, c'est que je fais peur aux décideurs. Je suis économiquement incorrect", estimait-il, persuadé qu'on lui en voulait de tourner de bons films à bas coût.
Marié trois fois, Jean-Pierre Mocky disait avoir renoncé à compter sa progéniture. "J'ai 17 enfants connus. Voire davantage, les femmes que j'ai croisées le temps d'un fugace corps-à-corps se comptant par centaines", a-t-il écrit dans un livre de souvenirs.
Frédéric Boillat avec afp