Une fois sur le terrain, Diego Maradona oubliait tout. Le quotidien, la pression, les attentes du public, plus rien n'existait en dehors de la rage de vaincre.
Entre archives et interviews avec le joueur - plus de 500 heures d'images inédites issues notamment d'archives personnelles du footballeur, des témoignages, mais aussi des matchs de légende immortalisés à la télévision -, Asif Kapadia dresse, dans son documentaire, le portrait d'un homme sincère dont l'ascension fulgurante à Naples - où il a joué entre 1984 et 1991 - et son rapport avec les supporters lui vaudront un destin tragique.
"Je l'ai interviewé pendant près de neuf heures", explique le réalisateur. "Quand j'ai fait ce film, j'ai passé beaucoup de temps à regarder son visage et ses yeux. Et ce qui est devenu très clair, c'est que, même si nous avons cette image d'un gars macho qui fait des choses totalement folles et se fait passer pour un idiot, si vous le regardez, vous regardez ses yeux, il a l'air d'avoir peur, d'être triste et malheureux. Il n'a peut-être jamais dit: 'J'avais peur'. Mais vous voyez son visage et vous réalisez qu'il a peur ou qu'il est malheureux ou qu'il se sent seul. Et ça, c'était intéressant! Et c'est le cinéma, car vous devez regarder le visage et les yeux pour raconter l'histoire. Ce n'est pas seulement ce que les gens vous disent".
Naples, entre amour et haine
La ville de Naples est un personnage important dans le documentaire, comme dans la vie de Diego Maradona. "Il venait d'un milieu très pauvre et très dur et Naples était très pauvre et très dure. Et ils avaient besoin l'un de l'autre. Ils étaient parfaits l'un pour l'autre. Ils avaient besoin d'un héros, de quelqu'un qui leur apporte du succès et de la fierté et leur offre une forme de rédemption. Lui avait besoin d'une maison, de gens qui l'aiment et d'une arène où il puisse évoluer", explique le réalisateur Asif Kapadia.
Naples était le meilleur endroit pour lui, l'endroit parfait à ce moment, car ils ont avancé ensemble et sont devenus la meilleure équipe.
Une ville et un joueur liés pour l'éternité par le jeu, tous deux marqués par les excès et la démesure du football. L'histoire se termine mal, mais reste fascinante. Jeudi soir, la Piazza Grande de Locarno avait des allures de fan zone lors de la projection du documentaire "Maradona" d'Asif Kapadia. Le film sort mercredi 21 août dans les salles en Suisse romande.
>> Voir aussi le sujet du 19h30:
Sujet radio: Sophie Iselin
Adaptation web: ld