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"Fahim", l'histoire d'un migrant qui connaît le succès grâce aux échecs

Assad Ahmed et Gérard Depardieu dans "Fahim". [Copyright 2019 Wild Bunch]
Fahim / Brazil / 10 min. / le 13 octobre 2019
Gérard Depardieu réaffirme son statut de meilleur acteur du monde, Isabelle Nanty est somptueuse de douceur et le jeune Assad Ahmed, éblouissant. "Fahim" de Pef Martin-Laval invente un nouveau genre: le "drame de fée" social inspiré d'une histoire vraie.

"Il y a plus d'aventures sur un échiquier que sur toutes les mers du monde", dit Gérard Depardieu, qui joue un professeur d'échecs, dans "Fahim" de Pierre François Martin-Laval, avec Isabelle Nanty et un jeune prodige bangladais: Assad Ahmed. Ce film est directement inspiré d’une histoire vraie. Voilà qui change des adaptations de "Gaston Lagaffe" et autre "Les Profs" pour Pef l’ex-Robin des Bois.

Un Bangladais et son fils sont contraints de quitter leur pays en guerre. Réfugiés en France, leur drame commence alors que la demande d’asile du père est refusée. Vivant dans la clandestinité, malgré l’appui de France Terre d’Asile, le papa doit faire attention à ne pas être arrêté. En parallèle, son fils apprend assez vite le français et surtout, brille dans le club d’échec local. Entraîné par un rustre à la dent dure mais au grand coeur, il va remporter le championnat de France. Cette victoire lui permettra d’obtenir des papiers en règle, pour lui, son père et le reste de sa famille invités à quitter la Bangladesh pour vivre en France en sécurité.

Un "feel-good movie"

Avec "Fahim", Pef réalise un "drame de fée" social, comprenez, un drame social raconté comme un conte de fée. L’enjeu était de taille pour lui qui ne voulait surtout pas trahir l’histoire vraie tout en proposant un divertissement intelligent. Si l'humaniste Pef sait parfaitement que la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, il espère néanmoins que notre regard sur ces clandestins dans la précarité change, que l’on cesse de les juger comme des profiteurs d’un système, que l’on comprenne que s’ils avaient eu le choix, ils seraient restés dans leur pays.

Assad Ahmed ne parlait pas un mot de français quand il a été choisi pour "Fahim". [Wild Bunch]
Assad Ahmed ne parlait pas un mot de français quand il a été choisi pour "Fahim". [Wild Bunch]

Ancrage dans le réel

C’est avec cette idée derrière la tête, plus celle de montrer toutes les difficultés liées à l’intégration et l’apprentissage d’une nouvelle culture pour des étrangers, qu’il s’est lancé dans ce projet. Le pari est réussi haut la main puisqu’il signe un "feel good movie" bourré de sensibilité, un regard juste sur ces sans-papiers, un film sans pathos avec juste ce qu’il faut d’humour, et dopé par la présence au générique d’acteurs non professionnels pour renforcer l’ancrage dans le réel et nous faire oublier la fiction.

Ils sont encadrés par deux monstres du box office français: Gérard Depardieu, sublime ours et cador des échecs (Gégé qui pour une fois n’est pas venu cachetonner et semble avoir été touché par cette histoire) et Isabelle Nanty, sa complice, la douceur incarnée, elle-aussi émue par le parcours du véritable Fahim.

Quant au jeune Assad Ahmed, il est tout bonnement stupéfiant pour un gamin qui ne parlait pas un mot de français au début du tournage et n’avait jamais joué la comédie.

Philippe Congiusti/mcm

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