Douze femmes de 20 à 25 ans racontent le parcours de leur sexualité depuis l'enfance. Elles témoignent à visage découvert et, dans une ambiance intimiste, s'adressent aux deux réalisatrices, Daphné Leblond et Lisa Billuart Monet, en proie aux mêmes questions. Ces jeunes femmes se souviennent de leurs premières sensations, racontent leurs explorations hasardeuses et s'amusent, avec le recul, de certains obstacles inattendus dans leur quête du plaisir.
Toutes aspirent à la même chose: une sexualité épanouissante, libre et égalitaire. Toutes comprennent que le clitoris est un véritable outil politique. Pourquoi politique?
Parce qu'il est un pur organe de plaisir, qu'il a été ignoré des manuels et qu'il est l'emblème d'une certaine indépendance, le clitoris est devenu le symbole de la lutte contre la domination masculine.
Sortir de l'illettrisme sexuel
Les réalisatrices, toutes deux issues de l'Ecole de cinéma de Bruxelles, expliquent au micro de la RTS que lorsqu'elles ont commencé leurs recherches, en 2015, le clitoris était encore un grand "inconnu". "Le pourcentage des jeunes filles de 15 ans à savoir où il se trouvait et à quoi il servait restait très faible", précise le tandem qui estime que la première étape pour sortir de l'illettrisme sexuel est de nommer les choses. D'où le titre explicite de leur premier long métrage, tourné avec un minimum de moyens: deux caméra, un micro, lumière naturelle et aucun technicien sur le tournage.
Symbole de la fierté féminine
Il a fallu la vague #metoo pour que le clitoris sorte de l'ombre et devienne l'expression de la fierté féminine. Désormais, il est partout. On le tague dans les manifestations féministes ou pour le climat, on l'érige en statue géante, il fait l'objet de plusieurs web séries, une journée internationale lui a été dédiée le 22 mai. Et, pour la première fois cette année, le manuel des sciences de la nature pour les élèves romands du cycle 3 en montre l'anatomie complète, et en 3D.
Eviter de créer une nouvelle norme
Comment faire comprendre qu'un sujet tabou ne doit plus l'être? En parlant librement et à visage découvert. "C'était la condition sine qua non" précisent les deux réalisatrices qui souhaitaient avoir une cartographie diversifiée des sexualités afin de ne pas créer de nouvelles normes.
Jusqu'ici, seule comptait la sexualité pénétro-centrée. Le clitoris en tant qu'organe n'existait pas. On parlait de vulve ou de vagin. L'idée que nous voulons faire passer, c'est qu'il n'existe pas de hiérarchie entre les plaisirs. Rien que le mot "préliminaires" sous-entend cette hiérarchie.
Daphné Leblond et Lisa Billuart Monet estime que "Mon nom est clitoris" est un véritable outil pédagogique et qu'il devrait figurer au programme de tous les cours d'éducation sexuelle. A ce titre, les deux réalisatrices saluent l'audace de la Suisse d'avoir mis la limite d'âge à 10 ans, soit deux de moins que la recommandation officielle, tandis que la France, plus frileuse, n'a toujours pas programmé de sortie officielle pour le film.
Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert
Adaptation web: mcm