Adèle Haenel a choisi de parler à la presse, plutôt que de porter plainte. Elle ne veut pas s'adresser à la justice qui condamne si peu les agresseurs. On peut rappeler au passage qu'une enquête récente en Suisse a montré que dans plus de 80% des cas la personne plaignante n'a pas obtenu gain de cause.
Pourquoi parler deux ans après l'affaire Weinstein? L'élément déclencheur a été pour elle le documentaire sur Michael Jackson, "Leaving Wonderland", et les témoignages accablants contre le chanteur accusé de pédophilie.
L'actrice de "Portrait de la jeune fille en feu" s'est donc confiée à Médiapart. Le site a mené une longue enquête de sept mois, interrogeant une trentaine de personnes qui témoignent à visage découvert. On y découvre l'adolescente sous l'emprise de Christophe Ruggia: plusieurs témoins ont tenté, en vain, d'alerter sur cette relation fusionnelle.
Démenti du réalisateur
L'enquête raconte aussi le climat particulier d'un tournage, où la jeune comédienne et son partenaire de jeu travaillaient étroitement avec le réalisateur pour parvenir à jouer des scènes difficiles.
Le réalisateur Christophe Ruggia nie catégoriquement les attouchements et le harcèlement sexuel. Après les accusations de l'actrice de 30 ans, il a été radié lundi de la Société des réalisateurs français.
Depuis le début du mouvement #MeToo, jamais en France une actrice aussi connue n'avait brisé le silence sur les violences faites aux femmes.
Sylvie Lambelet/lan