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Le roman graphique "Watchmen" adapté en série sur HBO

Une scène de la série "Watchmen". [HBO]
La loi des séries / La Loi des Séries / 7 min. / le 13 novembre 2019
Dernière grosse production de la chaîne câblée américaine HBO, "Watchmen" est vaste, copieuse, belle et très politisée. L'univers de la série ne cesse de se dévoiler semaine après semaine. Jusqu'ici, quatre épisodes ont été diffusés.

Pour rappel, les "Watchmen", c'est d'abord un roman graphique, créé en 1986 par Dave Gibbons et Alan Moore pour DC Comics. C'est une uchronie, donc une réécriture de l'histoire, dans laquelle les Américains ont gagné la guerre du Vietnam – grâce au Dr. Manhattan – et où les super-héros n'ont plus trop la cote. Jugés trop violents, on leur interdit désormais de porter le masque.

Les romans graphiques "Watchmen" ont déjà bénéficié d'une très bonne adaptation au cinéma, en 2009, réalisée par Zach Snyder. Fidèle au comic, le film démarrait par le meurtre d'Edward Blake, aka le Comédien, et promettait une longue enquête menée par le justicier Rorschach.

La série, elle, prend place 34 ans après ces évènements, dans un présent à la réalité parallèle: le Vietnam est maintenant un état américain, l'internet n'existe pas, et il pleut des sortes de calamars qui sortent d'une autre dimension. Quant aux super-héros, ils sont toujours interdits d'exercice.

Combattre le crime (durant la nuit)

La série s'ouvre sur le personnage d'Angela Abar, campée par Regina King. C'est une ancienne policière qui s'est mise à la retraite, car le métier devenait trop dangereux. D'ailleurs, les flics sont dorénavant masqués: un foulard jaune recouvre leur visage afin qu'ils puissent conserver leur anonymat, et ainsi éviter des représailles.

Angela est mère de famille et boulangère la journée, mais la nuit elle traque les méchants tout de cuir vêtue sous le nom de Sister Night, et collabore avec le chef de la police de Tulsa, incarné par Don Johnson. Les deux amis enquêtent notamment sur la 7e cavalerie, un groupe de suprémacistes blancs, masqués eux-aussi, qui s'attaquent aux noirs et aux forces de l'ordre.

Voilà pour les prémisses de "Watchmen", qui clôt son épisode pilote par un meurtre. Comme dans le comic et le film, cet assassinat n'est que le commencement d'une histoire truffée de personnages bien relevés, de mystères et de rebondissements.

De plus en plus prenant

On est un peu perdu durant les deux premiers épisodes, surtout si l'on n'a plus le film en tête. Sans préambule, on est projeté dans un univers à la fois familier et très différent du nôtre. L'action est immédiatement au rendez-vous, et il faut rester alerte. A la fin du deuxième épisode, on se dit que c'est extrêmement bien exécuté, mais on reste perplexe quant à la trame à venir.

Puis arrive le troisième épisode. Il introduit le personnage de Laurie Blake, le spectre soyeux, 2e du nom, qui a pris quelques années depuis le film. Laurie, interprétée par la géniale Jean Smart, a mûri et est devenue agente du FBI. Du genre badass, elle se montre intelligente, caustique et sans pitié. Tout l'épisode se concentre sur Laurie, qui est appelée en renfort à Tulsa, et qui va donc rencontrer Angela. L'écriture et la mise en scène de cet épisode sont bluffantes. En quelques minutes à peine, Laurie nous met dans sa poche.

Plus l'histoire avance, plus l'éventail des personnages s'élargit, et plus la série "Watchmen" devient captivante. Elle se révèle également exigeante, ce n'est pas une série pour les gens qui veulent avoir toutes les réponses tout de suite.

HBO adore ce genre de fiction à énigmes car, à l'instar de "Game of Thrones" et "Westworld", elles alimentent les réseaux sociaux et font, par conséquent, parler d'elles. La chaîne câblée cherche sa nouvelle vache à lait depuis la fin de "Game of Thrones", mais ce ne sera pas "Watchmen". Même si la série de Damon Lindelof est très réussie, notamment au niveau du storytelling, de la réalisation et de la musique signée Trent Reznor et Atticus Ros, ce n'est pas une fiction "grand public".

Crystel Di Marzo/ld

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