Le réalisateur franco-polonais Roman Polanski est au coeur d'une nouvelle polémique. La sortie mercredi dernier de son film "J'accuse" a été fortement secouée par le témoignage de la photographe Valentine Monnier. Elle affirme avoir été violée par Polanski en 1975 en Suisse alors qu'elle avait 18 ans, ce que conteste le cinéaste.
Mais cette accusation vient s'ajouter à plusieurs autres. De quoi rallumer la mèche dans le milieu du cinéma français, régulièrement soupçonné de protéger le réalisateur. Aux Etats-Unis, où Polanski est toujours poursuivi pour une affaire datant de 1977, l'Académie des Oscars a choisi de l'exclure.
Décision attendue au printemps
Lundi, le conseil d'administration de la société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs (ARP) a donc décidé d'introduire de nouvelles mesures: la suspension pour tout membre mis en examen et l'exclusion pour toute personne condamnée. Les membres se prononceront au printemps 2020 lors d'une assemblée générale. "Le monde a changé" a déclaré lundi soir Pierre Jolivet, le président de cette organisation française qui regroupe près de 200 cinéastes.
Cette décision intervient dans un contexte particulier puisqu'au début novembre, une autre organisation française de réalisateurs, la SRF, a lancé une procédure pour exclure le cinéaste Christophe Ruggia. L'actrice Adèle Haenel venait de l'accuser d'attouchements et de harcèlement sexuel alors qu'elle avait entre 12 et 15 ans. Dans la foulée, le gouvernement a annoncé des mesures pour lutter contre le harcèlement sexuel dans le cinéma français.
Sujet radio: Romain Bardet
Adaptation web: mh
La promotion et les projections de "J'accuse" chahutées
La promotion du film "J'accuse", récompensé par le Grand prix du jury à Venise, a été perturbée, les acteurs Jean Dujardin et Emmanuelle Seigner ayant annulé des interviews, tandis que des émissions enregistrées avec Louis Garrel n'ont pas été diffusées ces derniers jours.
Mardi dernier, quelques dizaines de féministes ont bloqué une avant-première dans un cinéma parisien en scandant "Polanski violeur, cinémas coupables" et en brandissant des pancartes sur lesquelles était inscrit "Polanski persécute les femmes", appelant tous les cinémas à arrêter de projeter le film et les spectateurs à le boycotter.
Samedi soir, ce sont des militants féministes qui ont perturbé une projection de "J'accuse" à Rennes. Après une longue discussion avec les militants, la direction a décidé de déprogrammer les trois séances prévues dimanche mais a maintenu les suivantes.
afp