"1917": pour vous immerger au coeur de la Première Guerre
C'est le film le plus attendu de ce début d'année. "1917" de Sam Mendes - qui a réalisé les deux derniers "James Bond" - totalise dix nominations aux Oscars (9 février) et vient de remporter deux Golden Globe.
Le film raconte l'histoire de deux soldats britanniques qui doivent traverser les lignes ennemies pour porter un message crucial qui pourrait sauver des centaines de vies. Cette course contre la montre, le réalisateur britannique la filme en un plan-séquence de 2 heures, sans coupe apparente. Une prouesse technique qui nous plonge au coeur de la Première Guerre mondiale, en connexion émotionnelle avec les deux personnages principaux: une sorte de "live" que Sam Mendes, également metteur en scène de théâtre, ne pouvait qu'apprécier.
>> Lire notre critique : "1917", le film de guerre qui pose les limites du cinéma d’immersion
Dans l'histoire du cinéma, le plan-séquence bénéficie d'un certain prestige. Et si tout le monde s'accorde sur la prouesse technique de "1917", certains critiques restent plus réservés sur sa nécessité, estimant que ce dispositif, aussi virtuose soit-il, tourne un peu à vide.
"Une belle Equipe": pour consacrer définitivement le football féminin
Après "La Vache" et "Jusqu'ici tout va bien", deux comédies plutôt masculines, Mohamed Hamidi avait envie de raconter une histoire au féminin, tout en restant l'observateur attentif de la France dite profonde. Et dans cette France-là, pas question de remettre en cause les rôles dévolus aux hommes et aux femmes. Surtout pas dans un des bastions masculins, le football - le film a été tourné avant l'engouement pour la Coupe du monde féminine.
Car, il s'agit bien de cela. Pour sauver un petit club du Nord-Pas-de-Calais, suspendu après une bagarre, un coach décide de monter une équipe exclusivement féminine. Du jour au lendemain, les femmes se retrouvent sur le terrain et les hommes derrière les fourneaux, ce qui provoque une révolution!
Ce scénario de la guerre des sexes aurait pu être écrit juste après guerre avec tous les poncifs du genre et pourtant "Une belle Equipe" n'est pas sans charme, notamment par son casting très diversifié et quelques répliques amusantes.
"Les Siffleurs": pour rappeler ce qu'est une vraie femme fatale
Un inspecteur de police de Bucarest corrompu par des trafiquants de drogue est soupçonné par ses supérieurs et mis sur écoute. Embarqué sur l'île de Gomera dans les Canaries, il doit apprendre une langue sifflée ancestrale. Grâce à ce code secret, il pourra libérer un mafieux de prison et récupérer des millions. Mais quand l'amour s'en mêle...
Corneliu Porumboiu est le cinéaste roumain le plus imprévisible de sa génération, se renouvelant à chaque film. "Les Siffleurs" en témoigne, un polar terriblement réjouissant autant par sa structure éclatée que par la maîtrise des codes du film noir qu'il maltraite à des fins burlesques, tout en citant "Psychose" d'Hitchcock et "Gilda" de Charles Vidor. Point fort de ce film post-moderne, l'incandescente Catrinel Marlon qui réinvente la femme fatale.
"Les filles du Docteur March": pour son casting formidable
Une construction sophistiquée faite de flash-backs gigognes pour une lecture à la fois fidèle et contemporaine, tendre et radicale, du célèbre roman de Louisa May Alcott, "Little Women". Sur ce grand récit d'émancipation, la réalisatrice, scénariste et actrice américaine Greta Gerwig ose les sentiments, l'allégresse comme la tristesse, avec subtilité. On rit, on pleure, on danse. Un film qui raconte la joie d'être femme.
En bonus: un casting surprenant et exceptionnel (Emma Watson, Laura Dern, Timothée Chalamet, Louis Garrel et Meryl Streep), dominé par une Saoirse Ronan, dans le rôle de Jo, absolument éblouissante en apprentie écrivaine, farouche et responsable.
"Seules les bêtes": si vous aimez les polars à la mécanique implacable
Une femme disparaît en pleine tempête de neige. Est-elle morte? Qui était-elle? Qui l'a tuée? Comment et pourquoi? Adaptation du roman de Colin Niel, "Seules les bêtes" est construit comme un puzzle, dont chaque pièce est constituée du point de vue d'un personnage qui a été en lien avec la disparue.
D'Afrique aux montagnes de la Lozère, "Seules les bêtes" déploie une mécanique de précision qui maintient le suspense jusqu'à sa résolution finale, décontenançante mais parfaitement logique. Un parfait chaud-froid.
>> Lire notre critique : Cinéma: "Seules les bêtes", un polar polaire et torride
"Farewell": pour se faire balader d'une culture à l'autre
Billi, qui a quitté la Chine à six ans pour les Etats-Unis, apprend que sa grand-mère à laquelle elle est très attachée, est atteinte d'un cancer en phase finale. La famille décide alors d'improviser le mariage d'un des petits-fils pour se réunir autour d'elle, mais en lui cachant la vérité sur sa mort imminente.
La réalisatrice sino-américaine Lulu Wang - qui s'est inspirée de sa propre histoire - met en relief les différences de culture, principalement l'individualisme américain contre l'esprit de groupe chinois, sur des thèmes universels. Malgré un synopsis qui le pousse vers le mélodrame, le film bascule plutôt du côté de la comédie. Sans choisir entre la raison occidentale et l'esprit asiatique, Lulu Wang propose un film à la mélancolie enjouée qui, à défaut d'émouvoir, nous invite à sourire et à observer sans juger.
La rappeuse Awkwafina a reçu un Golden Globe pour son interprétation, le premier attribué à une actrice asiatique.
>> Lire notre critique : "The Farewell", une comédie sino-américaine sur le choc des cultures
RTSCulture/mcm
A consulter également: notre sélection de la semaine précédente: Les films à voir pendant les fêtes et un peu après