Le film raconte cette époque à travers le regard d'une petite fille dont la mère est toxicomane. Mia a 11 ans. Elle s'installe dans les années 1990 avec sa mère Sandrine dans un village idyllique de l'Oberland. Mais Mia n'a pas une enfance comme les autres. Sa mère oscille entre période de sevrage d'héroïne et rechutes dramatiques.
"Les enfants du Platzspitz" raconte l'histoire vraie d'une petite fille que la toxicomanie de ses parents a contrainte de grandir trop vite. C'est l'histoire qu'a choisi de raconter le réalisateur Pierre Monnard. Son film est l'adaptation du livre témoignage de la Zurichoise Michelle Halbheer, publié en 2013. Cette parution avait suscité beaucoup d'émotions en Suisse alémanique.
Un film dédié aux enfants du Platzspitz
Pierre Monnard recrée certaines images de l'époque avec une justesse presque documentaire, notamment celles terribles du Platzspitz. Les deux actrices principales (Luna Mwezi dans le rôle de Mia et la Bâloise Sarah Spale dans celui de Sandrine) parviennent à jouer avec beaucoup d'authenticité et traduisent avec vérité ce chapitre très sombre de l'histoire de Zurich.
"Les enfants du Platzspitz" porte aussi des élans d'espoir. C'est un récit d'apprentissage et même de résilience. Grâce à l'imaginaire et la musique, la jeune Mia parvient à tenir le coup. Le réalisateur Pierre Monnard dit vouloir, avec ce film, insister sur le sort souvent négligé des enfants du Platzspitz et de tous ceux touchés par la toxicomanie aujourd'hui. Son film leur est dédié.
Des images de l'inconscient collectif suisse
Pierre Monnard est un réalisateur suisse romand. Dans les années 1990, il était adolescent. Il se souvient: "Je pense que tous les Suisses de ma génération, qu'ils soient romands ou alémaniques, ou même tessinois, ont un lien direct ou indirect avec le Platzspitz. Dans mon cas, c'est l'histoire d'un camarade de Châtel-St-Denis, la petite ville où j'ai grandi, qui à cette époque est tombé dans la drogue et qui, un jour, n'est pas revenu de ses visites au Platzspitz."
Lorsque Pierre Monnard découvre, en 2013, l'autobiographie de Michelle Halbheer, il sait qu'il y a là de quoi faire un film. "Il était temps que la fiction s'empare de ce pan sombre de l'histoire de notre pays". Les images de la Platzspitz font partie de l'inconscient collectif suisse, selon le réalisateur. "Tout le monde, un jour, a vu des photos, un reportage ou un article sur le sujet. Ce sont des images qui marquent, des images qui restent."
Le film de Pierre Monnard ne se concentre pas que sur ces images sombres. Au contraire, c'est aussi un film très lumineux et porteur d'espoir parce qu'il est raconté à hauteur d'enfant.
Sujet radio: Séverine Ambrus
Adaptation web: Lara Donnet
Mise à jour d'un article publié une première fois en janvier 2020
Platzspitz, la scène ouverte de la drogue à Zurich
Le 5 février 1992, la scène ouverte de la drogue du Platzspitz à Zurich était évacuée. Chaque jour, jusqu'à 3000 toxicomanes suisses et étrangers venaient s'y approvisionner, principalement en héroïne.
Le lieu, devenu la mecque européenne de la drogue, était à cette époque surnommé le "Needle-Park" (parc à aiguilles). Les toxicomanes s'y injectaient leur drogue en plein air, au milieu des détritus. Cette scène de la drogue, qui avait pris racine sur le Platzspitz au milieu des années 1980, était devenue insoutenable. En octobre 1991, le préfet Bruno Graf (PDC) prenait la décision de fermer le parc. Le municipal en charge de la sécurité Robert Neukomm (PS) avait tenté en vain de faire recours contre le décret. Il avait mis en garde contre une décision hâtive et irréfléchie.
Et en effet, exécutée sans mesures d'accompagnement, l'opération était vouée à l'échec. Les toxicomanes s'étaient relocalisés autour de la gare désaffectée du Letten, non loin du Platzspitz. La nouvelle scène était tout aussi importante et encore plus violente.