"Scandale": pour comprendre les mécanismes du harcèlement
Le film raconte ce qui a été un des scandales les plus retentissants dans le monde des médias américains: une affaire de harcèlement sexuel massif qui a secoué la chaîne d'information américaine Fox News et qui conduira, en juillet 2016, à la chute de son fondateur, Roger Ailes.
Charlize Theron, Nicole Kidman et Margot Robbie incarnent les journalistes qui ont contribué à faire tomber leur patron. Et si elles se ressemblent tellement, c'est parce que la chaîne, dans sa logique militaire, les traite en petits soldats interchangeables: blondes, les jambes interminables, les robes courtes et les faux cils en essuie-glaces.
"Scandale" n'est pas un film à thèse et pourtant il démonte subtilement les mécanismes du harcèlement et met en lumière cette notion si difficile à cerner juridiquement: le consentement. Multiplication des points de vue, actrices au jeu impliqué, rythme de comédie, scénario bien construit et réalisation qui montre plus qu'elle ne juge, "Scandale" est ce qu'on appelle un divertissement intelligent.
"Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part": si vous aimez Anna Gavalda
Adapté d'un recueil de douze nouvelles d'Anna Gavalda, le film d'Arnaud Viard mise sur le film choral avec ce mélo familial, dominé par un Jean-Paul Rouve prodigieux. Alors qu'il n'est construit que sur les moments forts d'une vie, "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part" n'est jamais sur le mode majeur. Le film avance en pointillé, comme s'il ne voulait pas profiter du désarroi des personnages ou s'immiscer dans leur intimité.
Cette manière de rester sur un mode mineur correspond bien à l'esprit et à l'écriture d'Anna Gavalda. C'est agréable, émouvant parfois, mais donne néanmoins un sentiment de déjà-vu.
>> Lire notre critique : "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part"... Mais qui et où?
"Bad boys for life": parce que les années 1990 sont déjà vintage
Il s'est écoulé dix-sept ans depuis la sortie du deuxième volet "Bad Boys". Will Smith et Martin Lawrence ont vieilli et leurs méthodes panpan/explosions/intimidations aussi. Les voici confrontés cette fois-ci à deux méchants très stylisés - une sorcière mexicaine et son fils - mais aussi à la jeune génération de flics qui ne jurent que par la haute technologie.
Les deux réalisateurs flamands, Adil El Arbi et Bilall Fallah, remplacent Michael Bay dans ce troisième volet de la franchise, qui réserve quelques jolies surprises de mise en scène. Mais en dotant les personnages d'un certain enjeu dramatique, le film perd son côté "plus c'est con, plus c'est bon" qui faisait sa marque de fabrique.
"Le Photographe": pour découvrir comment se fabrique le sentiment amoureux
Raphi, humble photographe, fait la rencontre de Miloni, jeune femme issue de la classe moyenne de Bombay. Quand la grand-mère du garçon débarque, en pressant son petit-fils de se marier, Miloni accepte de se faire passer pour la petite amie de Rafi.
Après deux films aux Etats-Unis, Ritesh Batra ("The Lunchbox") est de retour en Inde pour raconter cette histoire d'amour contrariée/exaltée par les inégalités sociales et faire, par petites touches, le portrait d'une société indienne tiraillée entre tradition et modernité.
"Le Photographe" est-il un film calibré pour le public occidental ou un film délicat sur la fabrication du sentiment amoureux? A vous de décider.
"1917": pour vous immerger au coeur de la Première Guerre
Deux soldats britanniques doivent traverser les lignes ennemies pour porter un message crucial qui pourrait sauver des centaines de vies. Cette course contre la montre, le réalisateur britannique Sam Mendes la filme en un plan-séquence de deux heures, sans coupe apparente. Une prouesse technique qui nous plonge au coeur de la Première Guerre mondiale, en connexion émotionnelle avec les deux personnages principaux.
>> Lire notre critique : "1917", le film de guerre qui pose les limites du cinéma d’immersion
Si tout le monde s'accorde sur la prouesse technique de "1917", certains critiques restent plus réservés sur sa nécessité, estimant que ce dispositif, aussi virtuose soit-il, tourne un peu à vide. "1917" de Sam Mendes, qui a réalisé les deux derniers "James Bond", totalise dix nominations aux Oscars (9 février) et vient de remporter deux Golden Globe.
"Une belle Equipe": pour consacrer définitivement le football féminin
Pour sauver un petit club du Nord-Pas-de-Calais, suspendu après une bagarre, un coach décide de monter une équipe exclusivement féminine. Ce scénario de la guerre des sexes aurait pu être écrit juste après guerre avec tous les poncifs du genre et pourtant "Une belle Equipe" n'est pas sans charme, notamment par son casting diversifié.
"Les Siffleurs": pour rappeler ce qu'est une vraie femme fatale
Un inspecteur de police de Bucarest corrompu par des trafiquants de drogue est soupçonné par ses supérieurs et mis sur écoute. Embarqué sur l'île de Gomera dans les Canaries, il doit apprendre une langue sifflée ancestrale. Grâce à ce code secret, il pourra libérer un mafieux de prison et récupérer des millions. Mais quand l'amour s'en mêle...
Corneliu Porumboiu est le cinéaste roumain le plus imprévisible de sa génération. "Les Siffleurs" en témoigne, un polar terriblement réjouissant, autant par sa structure éclatée que par la maîtrise des codes du film noir qu'il maltraite à des fins burlesques, tout en citant "Psychose" d'Hitchcock et "Gilda" de Charles Vidor. Point fort de ce film post-moderne, l'incandescente Catrinel Marlon qui réinvente la femme fatale.
RTS Culture/MCM
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