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Les films à voir que vous recommande RTS Culture

Emily Beecham, prix d'interprétation à Cannes, pour "Little Joe". [The Coproduction Office]
Emily Beecham, prix d'interprétation à Cannes, pour "Little Joe". - [The Coproduction Office]
Beaucoup de sorties cette semaine, pas toutes nécessaires. On retient surtout une comédie sur fond de nazisme, un biopic militant et une sorte de Buena Vista Social Club soudanais. Pourquoi pas non plus un thriller littéraire et un autre génétique?

"Jojo Rabbit": pour rire du pire

Hitler est-il compatible avec la comédie? Oui. De très grands cinéastes l'ont fait avec brio, Chaplin et Lubitsch en particulier. Le réalisateur néo-zélandais, "juif et maori", Taika Waititi s'y essaie à son tour. Bingo! Son film se voit doter de six nominations aux Oscars et lesté d'un Prix du public au dernier Festival de Toronto.

En Allemagne, durant la Seconde Guerre mondiale, Jojo est un petit garçon maltraité par ses camarades. Il se console avec son ami imaginaire, Adolf Hitler - interprété par le réalisateur lui-même - qui lui prodigue de nombreux conseils. La vie du petit garçon va être chamboulée lorsqu'il découvre que sa mère (Scarlett Johansson) cache une jeune fille juive.

Le secret de ce presque feel-good movie? Alterner drame et comédie; multiplier les anachronismes, notamment musicaux; tourner en ridicule les grandes figures du nazisme et s'appuyer sur un excellent casting pour dénoncer les ravages d'une guerre sur la jeunesse maléable.

>> Lire notre critique : Le film "Jojo Rabbit" du réalisateur Taika Waititi rit des nazis

>> A écouter, le débat cinéma de "Vertigo" :

Une scène du film "Jojo Rabbit". [Twentieth Century Fox Film Corporation]Twentieth Century Fox Film Corporation
Débat cinéma / Vertigo / 28 min. / le 29 janvier 2020

"Talking about Trees": pour narguer la censure

En 1989, le coup d'Etat a interdit le cinéma au Soudan. Quatre vieux réalisateurs, formés à l'étranger dans les années 70, imaginent rouvrir un vieux cinéma à Khartoum pour y inviter gratuitement la population.

A la fois drôle et documenté, lardé d'extraits de films d'époque, "Talking about Trees" - titre inspiré d'un poème de Brecht - est un formidable éloge du cinéma comme outil de liberté, une célébration de l'amitié et une ode à une certaine lenteur. Ce Buena Vista Social Club soudanais a reçu un double prix, celui du meilleur documentaire et du public au Festival de Berlin 2019.

"Les Traducteurs": pour le plaisir de se faire manipuler

Neuf traducteurs sont confinés dans un luxueux bunker afin de traduire au plus vite le dernier best-seller d’un auteur très connu. Malgré ces précautions, les dix premières pages du livre sont dévoilées sur Internet. Pour que le piratage cesse, l'éditeur doit verser 5 millions d’euros. Qui a fuité? Comment? Et pourquoi?

Après "A couteaux tirés", le whodunit (qui l'a fait?) semble revenir à la mode. "Les Traducteurs" se profile donc comme un des films français les plus ambitieux de l'année, un thriller d’ampleur européenne. Le scénario est au cordeau et ne manque pas d'ironie sur le monde de l'édition, incarné par un Lambert Wilson féroce et cynique.

Rebondissements à ressorts et retournements vertigineux, ambiance carcérale chic, casting très Eurovision, cadavres en guise de rimes visuelles, musique qui fait peur, il arrive que le trop ne soit pas assez....

>> A écouter la chronique de Linn Levy dans Brazil :

"Les Traducteurs", un film de Régis Roinsard. [Trésor Films, Mars Films, France 2 Cinéma]Trésor Films, Mars Films, France 2 Cinéma
In The Book For Love: Régis Roinsard Vs James Joyce / Brazil / 6 min. / le 26 janvier 2020

"La Voie de la Justice": pour rallumer le feu de la justice

1987, Alabama. Un Afro-Américain est condamné à mort, au bout d'un procès de deux heures seulement, pour le meurtre d'une jeune femme blanche qu'il ne connaissait pas.

Adapté de son livre autobiographique "A Story Of Justice and Redemption", "La Voie de la Justice" ("Just Mercy") retrace le combat historique du jeune et idéaliste avocat Bryan Stevenson. Produit sous la bannière d’un grand studio (Warner), porté par deux stars afro-américaines (Michael B. Jordan et Jamie Foxx), ce film est d'une facture tout ce qu'il y a de plus classique. Mais l’itinéraire de cet homme de loi qui a préféré combatte le racisme et la peine de mort plutôt que de s'enrichir dans un cabinet d'avocats est tellement exemplaire qu'il serait assez mesquin d'en disputer les détails. Le film reste captivant.

>> A lire : "La Voie de la justice", le film puissant qui dénonce les inégalités raciales

"Little Joe": pour titiller notre fibre paranoïque

Alice, phytogénéticienne chevronnée, vient de concevoir une fleur très belle, rouge vermillon, qui rend son propriétaire heureux. Passant outre le règlement de son laboratoire, elle va offrir cette plante à son fils adolescent...

Collaboratrice de Michael Haneke, Jessica Hausner signe une fable paranoïaque sur les manipulations génétiques, entre science-fiction et film d'auteur. Le film a des atouts: mise en scène stylisée, magnifique photographie de Martin Gschlacht, musique expérimentale du Japonais Teiji Ito, qui emballe ou exaspère, et prix d'interprétation à Cannes pour Emily Beecham. Sa lenteur toutefois, ainsi que son côté arty, peut laisser indifférent.

"Le Lion": pour (éventuellement) Philippe Katerine

Interné dans un hôpital psychiatrique, Léo Milan, alias "Le Lion", prétend être un agent secret. Mais tous le prennent pour un mythomane, y compris son médecin qui, lui aussi, ne tourne pas rond. Ce dernier va toutefois faire appel à ses services pour retrouver sa fiancée disparue.

Un duo improbable, Dany Boon et Philippe Katerine, pour un film qui l'est tout autant. La réplique à retenir: "Ferme ta bouche, tu auras les dents au chaud".

"L'Esprit de famille": pour les paysages bretons

Alexandre (Guillaume De Tonquédec), écrivain égotiste, vient de perdre son père. Mais lui, le père (François Berléand), n'a aucune envie de reposer en paix: il vient harceler son fils, le conseiller, l'engueuler pour lui ouvrir les yeux. Et comme Alexandre est le seul à le voir et donc à lui parler, sa famille s'inquiète pour sa santé mentale.

L'idée est sympathique mais quand on a compris le procédé, le film se répète. Pas mentionnée dans le casting, la maison de famille est pourtant l'atout majeur de cette énième comédie familiale française.

RTS Culture/mcm

>> A lire également, les recommandations de la semaine dernière : Les films sortis cette semaine que vous recommande RTS Culture

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