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La star de Bollywood Deepika Padukone dérange l'Inde, et ça lui plaît

L'actrice indienne Deepika Padukone. [AFP - Rafiq Maqbool]
La vie des autres - Deepika Padukone, actrice bollywoodienne engagée et dissidente / La vie des autres / 2 min. / le 28 janvier 2020
Elle s'est affichée en solidarité avec les étudiants de New Delhi, a fait le voyage au World Economic Forum de Davos pour parler de la dépression au côté du directeur de l'OMS mais sait aussi très bien vendre son image glamour. Une femme parfaite?

Le 7 janvier dernier, vêtue de noir, elle apparaît sur les télés du monde entier auprès des jeunes révoltés de l’université Jawaharlal-Nehru de New Delhi, deux jours après des attaques sanglantes de groupes extrémistes contre des étudiants, et des médecins venus les soigner. L’université est réputée de gauche et l’Inde est en proie a des tensions violentes sur fond de lois nationalistes et raciales.

Deepika Padukone, 34 ans, l’une des plus grandes stars de Bollywood et l'actrice indienne la mieux payée, s’affiche, l’air grave, en solidarité avec les étudiants.

Appel au boycott de ses films

En Inde, une actrice qui prend une position politique aussi claire, qui plus est dissidente, c'est inédit. Dès le lendemain, on appelle au boycott de ses films. Menaces en ligne - en 2017, sa tête avait déjà été mise à prix pour avoir souillé l'histoire de l'Inde dans "Padmaavat", adaptation d'un poème soufi du XIVe siècle -  et propos sexistes déferlent sur la toile.

Deepika Padukone ne recevra probablement plus jamais de prix national, s’accordent à dire les observateurs, mais elle est si populaire qu’elle n’en a que faire. Il va falloir composer avec: Deepika Padukone, la star indienne version 2020, ne cède rien, à personne. Et dans une ère qui glorifie les femmes fortes, (en tout cas en façade) elle a bien saisi qu’elle avait toutes les cartes en main.

Engagement contre la dépression

La semaine dernière, changement d'ambiance. On retrouve Deepika Padukone, sur scène, au World Economic Forum à Davos. On lui remet un Crystal Award pour son engagement... contre la dépression, maladie dont elle a souffert par le passé. A ses côtés, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur de l’OMS, qui a fait le déplacement. "Quelque 80% des personnes atteintes dans leur santé mentale n’ont pas accès à des soins", a-t-il rappelé, en s’adressant au public de Davos. Et d’expliquer que s'adjoindre les bonnes intentions d'une personnalité hypermédiatisée telle que Deepika Padukone, particulièrement auprès d’une population aussi vaste que l’Inde, est une aubaine pour son organisation.

A Davos, la comédienne a axé son discours sur le sort des hommes, particulièrement vulnérables face à cette maladie: "Pour la gent masculine, admettre qu’on est en détresse mentale, qu’on fait face à la dépression, à l’anxiété, n’est pas naturel. Pour beaucoup, c’est même honteux, l'équivalent d'un aveu de faiblesse".

Le grand écart entre glamour et conviction

Deepika Padukone prouve qu'être une "influenceuse", ce n’est pas seulement mettre du gloss sur Instagram, même si elle est loin, sur ce plan, d'être une oie blanche. Ex-mannequin, elle fait allègrement commerce de son image pour différentes maisons, dont la marque horlogère suisse Tissot, dont elle est l'ambassadrice. Elle peut aussi faire la promotion de produits moins prestigieux, comme une marque indienne de yogourt.

Deepika fait le grand écart, glamour, argent, engagement, bénévolat, et elle n'a aucunement l'intention de s'en excuser.

Sujet radio: Benjamin Luis

Adaptation web: mcm

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