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Contestée, la direction de l'académie des César démissionne en bloc

La direction de l'Académie des César démissionne en bloc à deux semaines de la cérémonie. Le malaise est profond
La direction de l'Académie des César démissionne en bloc à deux semaines de la cérémonie. Le malaise est profond / 12h45 / 1 min. / le 14 février 2020
Affaiblie par la polémique Polanski et contestée pour sa gestion opaque, la direction de l'Académie des César a annoncé sa démission en bloc jeudi. La nouvelle direction devra représenter le cinéma dans "sa diversité", selon le ministre de la culture Franck Riester.

"Pour honorer celles et ceux qui ont fait le cinéma en 2019, pour retrouver la sérénité et faire que la fête du cinéma reste une fête, le conseil d'administration de l'Association pour la Promotion du Cinéma a pris la décision à l'unanimité de démissionner", affirme l'Académie présidée depuis 2003 par le producteur Alain Terzian.

"Cette démission collective permettra de procéder au renouvellement complet de la direction", composée des membres fondateurs, d'anciens présidents ou de membres de l'Association. Au total, 21 personnes, parmi lesquelles les cinéastes Costa Gavras, Claude Lelouch ou Tonie Marshall.

Diversité

Sur Twitter, Franck Riester a souligné que la nouvelle direction devrait "permettre de représenter le cinéma français dans toutes ses esthétiques et sa diversité". "Sa gouvernance doit être guidée par un fonctionnement démocratique et des exigences d'ouverture, de transparence, de parité et de diversité", a-t-il ajouté.

Une assemblée générale se tiendra après la cérémonie des César, prévue le 28 février. Elle sera l'occasion d'élire une nouvelle direction pour préparer les modifications des statuts fondateurs sous l'égide du Centre national du cinéma (CNC) et mettre en œuvre des mesures de modernisation d'une institution jugée par beaucoup dépassée, avec une trop faible représentation des femmes notamment.

Cooptation

La crise couvait depuis des mois et a pris une nouvelle ampleur lundi: dans Le Monde, quelque 400 personnalités dont Omar Sy, Bertrand Tavernier, Jacques Audiard, Céline Sciamma, Marina Foïs et Agnès Jaoui ont réclamé une "réforme en profondeur".

Parmi leurs griefs, des "dysfonctionnements", une "opacité des comptes" ou des statuts qui "n'ont pas évolué depuis très longtemps" et reposent encore et toujours sur "la cooptation".

"Une poignée d'hommes pose problème dans le cinéma français en se cooptant mutuellement depuis 30 ans à la tête de toutes les commissions, toutes les organisations", a résumé sur Twitter le producteur Vincent Maraval.

La crise est profonde dans l'institution créée en 1975. La liste des membres de l'Académie, constituée de 4700 professionnels du cinéma, est en effet confidentielle. Pour en faire partie, il faut avoir au moins deux parrainages et avoir participé à au moins trois longs-métrages en cinq ans.

L'Académie est elle-même régie par l'APC, dont les membres sont les professionnels ayant reçu un Oscar, les anciens présidents et plusieurs personnalités, soit 47 membres. Elle est elle-même chapeautée par le conseil d'administration qui a annoncé sa démission jeudi soir.

Parité

Pour faire face à la crise, Alain Terzian, qui semblait jusque-là indéboulonnable, avait annoncé des mesures en vue d'instaurer la parité au sein du collège des votants (35% de femmes actuellement), du conseil d'administration (28,5% de femmes) et de l'APC (17% de femmes).

"Insuffisant" aux yeux des signataires de la pétition, après des révélations sur des cas de viol et d'agression sexuelle dans le milieu du cinéma français, dont celui de l'actrice Adèle Haenel.

>> L'interview de l'actrice suisse Noémie Schmidt dans Forum:

Démission collective de la direction des César: interview de Noémie Schmidt
Démission collective de la direction des César: interview de Noémie Schmidt / Forum / 6 min. / le 16 février 2020

L'affaire Polanski

Dans ce contexte, la présence de Roman Polanski, visé par des accusations de viol, au sein de l'APC, ainsi que ses douze nominations aux César avec "J'accuse", sur l'affaire Dreyfus, passent très mal auprès d'une partie de l'opinion publique et des associations féministes.

"Célébrer un agresseur comme Polanski, c'est soutenir le système d'impunité des violences masculines, et museler la parole des victimes", écrivent les associations féministes. Certaines comme Osez le féminisme! appellent à un rassemblement le soir de la cérémonie devant la salle Pleyel à Paris.

>> Ecouter: En vue des Césars, des appels au boycott de Roman Polanski et à une réforme de l'Académie :

La statuette du prix des César du cinéma. [AFP - CHARLY TRIBALLEAU]AFP - CHARLY TRIBALLEAU
En vue des Césars, des appels au boycott de Roman Polanski et à une réforme de l'Académie / Le 12h30 / 1 min. / le 13 février 2020

ats/sjaq

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