Plus qu'une tribune, c'est un manifeste. La romancière Virginie Despentes a la rage après le sacre de Roman Polanski. Elle le crie et l'a l'écrit dimanche dans "Libération", tout en rendant hommage à Adèle Haenel, une des rares actrices à avoir quitté la salle en pleine cérémonie.
Adèle se lève et elle se casse. (...) La plus belle image en quarante-cinq ans de cérémonie – Adèle Haenel quand elle descend les escaliers pour sortir et qu’elle vous applaudit et désormais on sait comment ça marche, quelqu’un qui se casse et vous dit merde.
Ses mots puissants ont été repris par toutes les féministes, et notamment par la co-directrice du festival Les Créatives à Genève, Anne-Claire Adet. "Ce texte extrêmement fort a fait le tour des réseaux sociaux en quelques heures. Il montre qu'il se passe des choses et que l'on est déjà dans un après, avec une prise de conscience", explique-t-elle à la RTS.
Un avant et un après
Un avant et un après César 2020. La prise de conscience dépasse largement le milieu du cinéma français car le texte de Virginie Despentes est éminemment politique. L'écrivaine genevoise Paule Mangeat y voit même un "J'accuse" porté contre les puissants et "ceux qui pensent pouvoir tout se permettre. Nous femmes, nous écrivaines, nous allons continuer à porter cette parole afin que plus aucune femme sur terre ne soit seule face à son violeur".
Cash et punk, le style Despentes est corrosif. Mais au-delà de la forme, son oeuvre engagée est une source d'inspiration pour de nombreux combats et son essai "King Kong théorie" une façon de repenser le féminisme, plus largement le combat contre toutes les dominations.
"C’est terminé. On se lève. On se casse. On gueule. On vous emmerde", conclut quant à elle Virginie Despentes dans son texte.
Sujet TV: Fanny Moille/mh