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Les films et nouvelles sorties que vous recommande RTS Culture

Juliette Binoche et Noémie Lvovsky dans "La bonne épouse". [Memento Films Distribution - Juliette Binoche et Noémie Lvovsky dans "La bonne épouse".]
Juliette Binoche et Noémie Lvovsky dans "La bonne épouse". - [Memento Films Distribution - Juliette Binoche et Noémie Lvovsky dans "La bonne épouse".]
Cinq sorties cette semaine. On adore "Benni", on aime beaucoup "Sous la peau", on vibre avec "Woman", on s'amuse avec "The Peanut Butter Falcon", on est bluffé par "O Fim do Mundo" et on ne déteste pas "La bonne épouse".

Une comédie vintage, un sublime portrait de petite fille en colère, un manifeste féministe universel, un documentaire sensible sur l'identité de genre, un feel good movie dans les bayous de la Caroline du Nord et un film suisse qui est aussi une fresque sociale, les sorties sont variées cette semaine. Dans la foulée du 8 mars, plusieurs films célébrent les femmes.

"Benni": pour ce stupéfiant portrait d'une petite fille en feu

Depuis toute petite, Benni souffre d'un manque d'amour. À 9 ans, emplie de colère et de violence, elle est prise en charge par les services sociaux. Ni sa mère qui la néglige, ni son éducateur avec qui elle noue pourtant une relation intense, ni sa famille d'accueil ne parviennent à l'apaiser. Benni est ingérable.

Primé à la Berlinale en 2019, "Benni" est le premier long métrage de l'Allemande Nora Fingscheidt qui adopte, dès la scène d'ouverture, le point de vue de la gamine. Par sa mise en scène très sensitive, la radicalité de son héroïne, à la fois attachante et insupportable, la complexité des personnages qui l'entourent, "Benni" est un des plus beau portrait d'enfant vu au cinéma. Le film, qui interroge le spectateur (que ferais-je à leur place?) tout en testant sa résistance, est une époustouflante réussite.

>> A lire : "Benni", stupéfiant portrait d'une petite fille en feu

"La bonne épouse": pour se souvenir que ce n'était pas mieux avant

Après "Séraphine", "Violette" et "Sage Femme", Martin Provost a prouvé qu'il aime les portraits de femmes. "La bonne épouse" en est un supplémentaire, mais un portrait de groupe.

A l'automne 1967, Paulette (Juliette Binoche), directrice d'une fameuse école ménagère en Alsace, accueille les adolescentes à qui on va inculquer les sept piliers de la sagesse domestique. A la suite du décès subit de son mari macho et joueur (François Berléand), Paulette se retrouve seule à la tête de l'institution, criblée de dettes. Ce sera le début de son émancipation.

Entre "Potiche" et "L'Ordre divin", "La bonne épouse" est une comédie soignée qui joue à fond la carte du vintage. Trop parodique pour émouvoir et pas assez grotesque pour bouleverser les codes, le film n'en demeure pas moins un manifeste divertissant sur le chemin parcouru en un demi siècle par les femmes. Sympathique comme un tube de Joe Dassin.

>> A écouter, l'entretien avec Yolande Moreau, une des actrices du film :

L'actrice Yolande Moreau. [AFP - Eric Lalmand]AFP - Eric Lalmand
Yolande Moreau, "La bonne épouse" / Vertigo / 88 min. / le 4 mars 2020

"Sous la peau": pour comprendre le désir de changer de genre

Pendant deux ans, le réalisateur genevois Robin Harsch a interrogé et accompagné trois adolescent-e-s sur le long et douloureux chemin de la transition de genre. Il a aussi filmé leurs entourages. Sensible, pudique, sobre, "Sous la peau" permet de comprendre le désir impérieux de chaque protagoniste à devenir ce qu'il sait qu'il est au plus profond de son être. Passionnant.

>> A lire : Robin Harsch: "Avant le film, je ne connaissais rien aux personnes trans"

"Woman": pour mesurer l'universalité de #metoo

La qualité d'un Etat se mesure souvent à la manière dont les femmes y vivent et sont traitées. "Woman" donne la parole à 2'000 femmes à travers 50 pays différents. Toutes disent "je". Le film aborde toutes les questions, de la maternité à l'indépendance financière, de la sexualité au désir de changer le monde, en passant par la violence domestique et l'éducation.

Co-réalisé par Anastasia Mikova et Yann Arthus-Bertrand, le film révèle les injustices que les femmes subissent mais aussi leur force à surmonter le pire. A la fois état des lieux et célébration des femmes, ce kaléidoscope de visages face caméra a valeur de manifeste international. A noter que toutes les recettes du film iront à l'Association "Woman(s)", dont le but est de former les femmes du monde entier aux métiers des médias pour qu'elles puissent à leur tour faire entendre la voix des femmes de leur pays.

"O Fim do Mundo": pour son humanisme cru

Après plusieurs années passées en prison, un jeune homme retourne à Reboleira, dans la banlieue mal famée de Lisonne. Un vieux caïd lui fait comprendre qu'il n'est pas le bienvenu.

>> A regarder, l'interview du réalisateur :

"O fim do mundo" du réalisateur vaudois d'origine portugaise Basil da Cunha est le seul film suisse en compétition à Locarno.
"O fim do mundo" du réalisateur vaudois d'origine portugaise Basil da Cunha est le seul film suisse en compétition à Locarno. / 19h30 / 2 min. / le 16 août 2019

Le réalisateur suisse et portugais Basil Da Cunha - le plus prometteur de sa génération - retourne dans son quartier de prédilection pour filmer des personnages à la dérive. Tourné avec des acteurs non professionnels, le réalisateur brosse le portrait d'un quartier et d'une génération. Le quotidien des personnes/personnages qui habitent cet endroit oublié est filmé dans un souci constant de vérité et d'humanisme.

>> A regarder, le débat contradictoire du 12h45 :

Le rendez-vous cinéma se penche sur les films "La bonne épouse", "Benni" et "O fim do mundo"
Le rendez-vous cinéma se penche sur les films "La bonne épouse", "Benni" et "O fim do mundo" / 12h45 / 12 min. / le 11 mars 2020

"The Peanut Butter Falcon": parce que pourquoi pas?

Zack, un jeune trisomique en fuite, rêve de devenir catcheur. Sur sa route, il rencontre Tyler, une petite frappe en cavale qui deviendra son coach. Un peu plus tard, la tutrice de Zack rejoindra le duo.

Un road-movie parsemé de rencontres et d'événements cocasses, une amitié improbable, la beauté d'une région peu représentée au cinéma et une bonne bande-son, voilà la recette de ce film primé au festival américain de Deauville et plébiscité par le public, et pas par nos critique cinéma de Vertigo.

>> A écouter, le débat cinéma de Vertigo :

Shia LaBeouf, Zachary Gottsagen dans "The Peanut Butter Falcon". [TOBIS Film GmbH]TOBIS Film GmbH
Débat cinéma / Vertigo / 26 min. / le 11 mars 2020

Et encore:

"Dark Waters": du cinéma d'utilité publique

Robert Bilott, avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques, change de camp quand il découvre que la région de son enfance est mortellement empoisonnée par une usine du groupe Dupont. Pour faire éclater la vérité, il va tout risquer. Todd Haynes s'éloigne du mélodrame flamboyant pour un film-enquête basée sur une histoire vraie. Mise en scène tendue + beauté de la photographie + excellente interprétation = un thriller palpitant.

"L'homme invisible": un film d'horreur intelligent

Le roman de H.G. Wells (1897) a été très souvent porté à l'écran. Pourtant, le réalisateur Leigh Whanne réussit à surprendre avec sa revisite féministe du sujet. Film d'horreur, certes, mais un des plus pertinents pour dénoncer la violence faite aux femmes: un agresseur que personne ne voit et une femme qui appelle au secours mais qu'on dit folle. Avec l'exceptionnelle Elisabeth Moss ("La Servante écarlate").

"Judy": Renée Zellweger au firmament

Le film s'attache à la dernière année de la vie de l'actrice et chanteuse Judy Garland. Usée par l'alcool et les médicaments, endettée jusqu'au cou, la star déchue accepte un contrat de plusieurs concerts à Londres. "Judy" entremêle scènes de concerts et flash-backs qui rappellent l'enfance abusée et sacrifiée de celle qui est devenue la plus grande icône gay. Un Oscar pour Renée Zellweger, qui chante elle-même.

"En Avant": pour sortir avec vos enfants

Dans la banlieue d'un univers imaginaire, deux frères elfes se lancent dans une quête extraordinaire pour découvrir s'il reste encore un peu de magie dans le monde. Ce n'est peut-être pas le meilleur Pixar, mais cela reste du bon Pixar, ce mélange de fantaisie et de gravité, de trouvailles visuelles et d'humour.

RTSCulture/mcm

>> A lire, les recommandations de la semaine dernière : Les films que vous recommande RTS Culture

En raison de l'épidémie de coronavirus, la sortie de plusieurs de ces films est retardée.

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